Après Elisabeth Borne, c’est au tour de Stanislas Guerini de reprendre langue avec les syndicats. Le ministre chargé des quelque 5,7 millions d’agents de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux reçoit chacun de leurs syndicats représentatifs . Il s’agira de « réunion [s] d’échanges et de travail » pour discuter « notamment du pouvoir d’achat » et « évoquer plus largement l’agenda social que nous souhaitons conduire ensemble », écrit Stanislas Guerini dans le mail qu’il leur a adressé . Le ministre veut d’abord « les entendre sur ce qu’ils proposent ».
Les huit fédérations de fonctionnaires répondront toutes présent et pour cause : lorsque sont parties les invitations, elles-mêmes envoyaient un courrier commun pour renouer le contact. Alors qu’une quatorzième journée de mobilisation est programmée le 6 juin, les syndicats y rappelaient bien sûr que « la page [de la réforme des retraites ] ne peut être tournée ».
« Des réunions d’échanges et de travail »
Mais ils interpellaient aussi – et surtout – le ministre de la Fonction publique sur la nécessité de prendre au plus vite des mesures salariales en raison du niveau élevé d’inflation et de l’écrasement de la grille de rémunération des agents provoquée par la hausse du SMIC au 1er mai dernier. Il faut désormais douze ans à un nouvel embauché parmi les moins qualifiés (catégorie C), pour dépasser le salaire minimum, dénoncent-ils.
« On est prêt à retourner à la table des discussions, à condition qu’on traite d’abord et avant tout de l’urgence salariale et sous forme de négociation », résume Luc Farré, le secrétaire général de l’Unsa fonction publique.
Du côté des organisations de fonctionnaires, on souligne l’extrême sensibilité de ce sujet chez les agents. Les taux de grévistes dans la fonction publique lors du conflit sur les retraites n’ont pas flambé, mais « ceux qui pensent que cela traduit une atonie se trompent, c’est en fait révélateur d’un problème de pouvoir d’achat », souligne un syndicaliste. Tandis qu’un autre estime que la fragilisation de l’exécutif du fait du conflit sur les retraites les met en position de force pour négocier.
Extrême sensibilité
Peut-être, mais a contrario la pression sur les dépenses publiques ne joue pas en leur faveur. La hausse du minimum de traitement de la fonction publique au niveau du SMIC revalorisé le 1er mai représente déjà un coût de 420 millions d’euros sur un an.
Les fédérations ont, elles, pris bonne note du fait que Stanislas Guerini espère annoncer des mesures salariales « dans le courant du mois de juin ». « On a en face de nous des interlocuteurs conscients qu’il faut faire quelque chose, motivés à aller chercher des arbitrages », a souligné Mylène Jacquot, la secrétaire générale de la CFDT, mardi dernier.
Exigence d’une augmentation générale
Tous les syndicats exigent une augmentation générale, c’est-à-dire une hausse de la valeur du point qui sert de base au calcul du salaire des fonctionnaires, au moins égale aux 3,5 % de juillet 2022 . Ils l’ont écrit à Stanislas Guerini. « Il faut absolument une revalorisation du point, au risque sinon de déstabiliser un peu plus la grille [salariale] », insiste Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU. Ils plaident en outre pour une mesure à destination des plus faibles rémunérations, plus touchées que les autres par la flambée des prix alimentaires notamment, ce que permettrait l’attribution de points supplémentaires.
Côté méthode, les syndicats réclament tous après les rencontres de cette semaine une réunion multilatérale. Et « pourquoi pas si nécessaire une deuxième ou une troisième ; en tout cas, il est clair qu’avant l’été il faudra qu’on ait réussi à se mettre d’accord », insiste Mylène Jacquot.