Les entreprises doivent-elles se préoccuper de la santé de leurs salariés ? La réponse est oui, selon la grande majorité des employés interrogés par une étude Ipsos, menée à l’initiative de la société spécialisée dans la prévention des maladies graves, Predilife. 80 % des 1.000 salariés interrogés estiment en effet que les entreprises sont légitimes à proposer des bilans de santé. Il s’agit même d’un critère de choix important puisque 79 % des interrogés considèrent que les actions mises en place pour prendre soin de la santé des salariés ont été déterminantes dans leur choix de travailler pour cette société.
Si ce critère ne figure pas parmi les plus importants – sans surprise, les salariés regardent d’abord les conditions de travail (91 %), la rémunération (91 %) et les missions proposées (89 %) – il se place néanmoins en septième position, et est perçu comme étant quasiment aussi important que les perspectives d’évolution, jugées primordiales par 80 % des salariés. « Nous aussi, nous avons été surpris par ce chiffre », commente pour « Les Echos » Anne Kerzan, directrice marketing et communication chez Predilife. « La santé est un levier encore trop peu exploité par les entreprises alors qu’elles auraient tout intérêt à s’en saisir puisque cela renforce leur attractivité », juge l’auteure de l’étude.
De leur côté, en effet, les chefs d’entreprise semblent plus frileux à s’emparer du sujet. Seuls 65 % considèrent que les entreprises sont légitimes à proposer des bilans de santé (contre 80 % des salariés) et la moitié (51 %) estime que c’est leur rôle de proposer des dépistages de maladies, une mesure qui est pourtant jugée bienvenue par 74 % des employés. Et dans les faits, seules 11 % des sociétés interrogées mettent en place des actions visant à prendre soin de la santé de leurs salariés. « Les principales raisons évoquées par les décideurs sont la peur d’être intrusif et l’absence de budget dédié. En effet, à peine un quart des entreprises ont un budget dédié à la santé », explique Anne Kerzan. « Actuellement, nous constatons que les entreprises offrent déjà des bilans de santé très coûteux aux membres du comité exécutif et aux cadres dirigeants, mais il faudrait le démocratiser à l’ensemble des collaborateurs qui, très majoritairement, souhaiteraient en bénéficier », estime-t-elle.
Un levier d’attractivité
D’autant plus que le sujet a pris de l’importance depuis la pandémie de Covid et pourrait devenir un levier d’attractivité pour les entreprises, à l’heure où plusieurs secteurs font face à des difficultés de recrutement . Depuis août 2021, la loi a renforcé les obligations des employeurs en matière de prévention et de santé. « La pandémie a bousculé nos habitudes, a remis le sujet de la santé au centre des discussions et les salariés demandent aujourd’hui aux entreprises d’aller bien plus loin que ce que prévoit la loi », analyse Anne Kerzan.
Les salariés interrogés estiment que les entreprises auraient beaucoup à gagner en mettant en place une politique de santé. En effet, ils considèrent que cela renforcerait l’attachement et l’engagement des collaborateurs (82 %), limiterait le taux d’absentéisme et le turn-over (78 %) et, enfin, augmenterait la performance de l’entreprise (72 %). De leur côté, les dirigeants sont plus sceptiques sur les bénéfices et estiment surtout que cela permettrait de maintenir les salariés en bonne santé et de montrer la « bienveillance » de l’entreprise.