Surprise. Le groupe des députés Liot a annoncé, retirer son texte d’abrogation de la retraite à 64 ans discuté à l’Assemblée nationale, qui avait été vidé de sa mesure phare.
« Il ne reste plus rien dans le texte sauf évidemment les amendements de la minorité présidentielle. En responsabilité, nous avons décidé de retirer notre texte », a indiqué devant la presse le patron du groupe Bertrand Pancher, après plus de deux heures d’échanges éruptifs.
Séance électrique à l’Assemblée
Tête de proue du Liot, le député Charles de Courson a mis en garde contre un possible regain de « colère et violence », au coup d’envoi de la séance du jour à l’Assemblée nationale. « Je vous mets en garde solennellement : nous ne sommes que de passage ici. De cet abaissement du Parlement ne peut ressortir que désintérêt pour nos institutions, et dans le pire des cas, colère et violence », a-t-il lancé au camp présidentiel.
Privées de vote sur une proposition d’annuler la retraite à 64 ans, les oppositions ont fait entendre leur colère ce jeudi face au camp présidentiel, accusé d’« écrabouiller la démocratie parlementaire ». En retour, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a pointé une proposition de loi « presque nihiliste » et « vide ». « Vous ne proposez rien d’autre que vous défausser car vous n’avez pas de projet alternatif commun », a-t-il lancé aux soutiens du texte, de la Nupes au RN en passant par certains LR.
Dans un hémicycle agité, la séance de ce jeudi a démarré par une série de rappels au règlement, ciblant la décision prise mercredi par la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet de bloquer l’examen de la mesure d’abrogation, jugée « inconstitutionnelle » car elle crée une charge pour les finances publiques. Une position que le Liot avait jugée être « une attaque inédite contre les droits du Parlement ».
Motion de censure de LFI
De son côté, la Nupes a annoncé déposer une motion de censure contre le gouvernement. « Face au coup de force anti-démocratique […] l’ensemble des groupes de la Nupes porteront une motion de censure qui devrait être examinée en début de semaine prochaine », a déclaré devant la presse la patronne des députés LFI Mathilde Panot, entourée de ses partenaires. Le groupe indépendant Liot n’a pas encore décidé s’il s’associait à l’initiative.
« Nous entrons dans une zone de non-droit », s’est inquiété, ce jeudi matin sur RTL, le député communiste Fabien Roussel, appelant les députés LR à s’y joindre « pour préserver notre droit de vote à l’Assemblée ».
Même adoptée par l’Assemblée, la proposition d’abrogation n’aurait eu que de faibles chances d’aboutir au plan législatif, n’ont eu de cesse de faire valoir les députés macronistes. Tout en s’inquiétant du signal politique qu’aurait envoyé une victoire des oppositions. Avec la fin de cette séquence parlementaire, deux jours après une 14e journée de mobilisation sociale dont la participation a été la plus faible enregistrée en cinq mois de manifestations, l’exécutif espère pouvoir enfin tourner la page des retraites.