La lutte contre le tabagisme est une des priorités des politiques de santé de ces dernières décennies. Pour quel résultat ? C’est la question que s’est posée l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en partenariat avec Santé publique France (SpF), dans un rapport publié vendredi.
L’organisation internationale s’est penchée sur le train de mesures mises en place pour faire reculer la consommation de tabac en France, que ce soit la hausse du prix des cigarettes , la campagne « Mois sans tabac » en novembre, l’emballage neutre ou encore le remboursement des substituts nicotiniques. Elle en a évalué les gains, mais elle en a également simulé les conséquences jusqu’à 2050.
· 4 pour 1
C’est sans doute l’enseignement central de ce rapport : selon l’OCDE, un euro investi dans les politiques de lutte contre le tabagisme produit un retour sur investissement de 4 euros sur les dépenses de santé . En valeur absolue, la mise en place du train de mesures antitabac est évaluée à 148 millions d’euros par an, dont 132 millions pour le remboursement des substituts nicotiniques, pour un gain de 578 millions d’euros.
· 4 millions
Ce gain est notamment réalisé grâce aux économies réalisées par une diminution des maladies liées au tabac , et donc des soins nécessaires. L’OCDE estime qu’une poursuite de la politique actuelle permettrait d’éviter 4 millions de cas de maladies, donc 1,87 million de troubles musculosquelettiques et 1,54 million d’infections respiratoires des voies inférieures.
La simulation prévoit un gain de 644.000 années de vie d’ici 2050 en France. Cette évolution de l’espérance de vie de la population générale, et particulièrement des fumeurs qui arrêtent de fumer, se traduira mécaniquement par une hausse des maladies liées au vieillissement , souligne le rapport. C’est notamment le cas des maladies cardiovasculaires.
· 19.800
Outre les dépenses de santé, le recul du tabagisme en France aurait des conséquences positives sur l’activité. L’OCDE a simulé l’incidence de la baisse des maladies liées au tabac sur les arrêts maladie , les retraites anticipées, le niveau de la productivité… Ainsi, la poursuite de la politique actuelle de lutte contre le tabagisme permettrait un gain sur la participation au marché du travail équivalent à 19.800 équivalents temps plein, soit un gain annuel de 715 millions d’euros.
· 21 %
Le « Mois sans tabac » , campagne de communication et d’accompagnement à l’arrêt du tabac, organisé chaque année au mois de novembre, n’est pas seulement une mesure d’affichage. Selon l’OCDE, il a accru de 21 % le taux d’arrêt tabagique en moyenne entre 2016 et 2020.
Pour ce seul outil, dont l’efficacité est renforcée par les autres mesures mises en place, le retour sur investissement est estimé à 7 euros pour un euro investi. Le coût de mise en oeuvre – estimé à 12,5 millions d’euros par an en moyenne entre 2023 et 2050 – sera largement compensé par une économie de 94 millions d’euros par an sur les dépenses de santé.
· 13
L’OCDE souligne que les politiques antitabac ont déjà eu un effet bénéfique en France. En moyenne, les fumeurs français fumaient encore 13 cigarettes par jour en 2020, mais c’est 7 de moins qu’en 2002. En 2021, un quart des Français fumaient toujours de façon quotidienne, contre près de 40 % au milieu des années 1970. A noter également, un élève sur sept fume quotidiennement à 15 ans et cette proportion passe à plus d’un sur cinq à 17 ans.