Retards de paiement : 200 entreprises sanctionnées par la Banque de France en 2022

La Banque de France a dégradé la notation d'« environ 200 entreprises » en 2022 pour des retards de paiement à leurs fournisseurs. Si cette rétrogradation n’a pas de réelles conséquences financières, les entreprises la craignent pour le risque de réputation qu'elle induit. Bien qu’ils aient baissé – passant de 12,4 à 11,7 jours en moyenne par rapport à 2021 –, les délais sont encore trop longs pour le gouvernement, qui fustige les grands groupes, moins bons payeurs que les PME.


La Banque de France serre la vis contre les entreprises qui tardent à payer leurs fournisseurs. Elle a dégradé la notation de quelque 200 structures en 2022 pour cette raison, a indiqué sa directrice des entreprises, Émilie Quema. « Depuis l’année dernière, on intègre l’aspect des délais de paiement dans la cotation » des entreprises. En cas de délais de paiement jugés excessifs, « on décote d’un cran les entreprises », sur une échelle de cotation qui compte « une vingtaine d’échelons », a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse au siège de l’institution, à l’occasion de la présentation de deux études sur la santé financière des entreprises en 2022.

Cette rétrogradation n’a pas de grosses conséquences pour les entreprises touchées, d’après Émilie Quema. « Une dégradation d’un cran ne va pas vous mettre en péril pour accéder au crédit », ni « avoir un impact financier immédiat », a-t-elle reconnu. Mais les entreprises craignent souvent ce type de sanction pour le risque de réputation qu’elle induit.

La Banque de France a contrôlé les délais de paiement de 1.500 entreprises en 2022, principalement « des grandes entreprises ou des entreprises de taille intermédiaire en bonne santé financière ». Elle veut désormais tripler le nombre de sociétés contrôlées pour cette année 2023.

Les PME « bonnes élèves » des paiements

D’après l’Observatoire annuel des délais de paiement, publié mi-juin, les retards se sont tout de même amélioré entre 2021 et 2022. Les délais sont en effet passés de 12,4 jours de retard à 11,7 jours en moyenne. Cela reste toujours trop long pour la ministre déléguée aux PME, Olivia Grégoire, qui a déclaré ne pas pouvoir se « satisfaire entièrement de la situation ».

D’autant plus que l’évolution la plus récente pour les derniers mois de 2023 « montre que l’orientation est repartie légèrement à la hausse » et « la bonne tendance de l’année dernière s’est visiblement interrompue », a indiqué la présidente de cet observatoire, Jeanne-Marie Prost.

Le rapport annuel a relevé une réelle différence entre les PME, « bonnes élèves » en matière de délais de paiement, des grandes entreprises, dont 40% ne s’acquittent pas à temps de leurs dettes envers leurs fournisseurs. Au total, il a manqué 12 milliards d’euros aux TPE et PME à cause de ces retards en 2022, comme l’a souligné le médiateur des entreprises .

« On a des PME qui sont les premières à payer et les dernières à l’être », s’est agacée Olivia Grégoire sur BFM Business mercredi. « Quand la DGCCRF (la répression des fraudes, ndlr) observe que des délais de paiement sont iniques, je ne me gênerai pas pour citer publiquement les grands groupes qui font de la trésorerie sur le dos des PME », a-t-elle ajouté.

Intégrer le risque climatique

Interrogée ce jeudi sur l’opportunité d’intégrer des critères environnementaux dans la cotation des entreprises par la Banque de France, Émilie Quema a assuré que le « volet ESG » faisait partie « depuis plusieurs années des critères pris en compte ».

Parallèlement, « on a construit un prototype d’indicateur qui évalue l’exposition de l’entreprise au risque climatique », a-t-elle poursuivi, et « on est en train de le tester auprès de plusieurs centaines d’entreprises » en vue d’une possible généralisation « d’ici quelques années ».


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