Le solde courant était très légèrement excédentaire en 2021. Mais, en 2022, le solde des transactions courantes s’est fortement creusé, selon les données de la Banque de France : la France a enregistré un déficit “historiquement élevé” de 53,9 milliards d’euros, soit 2 % du PIB.
La dégradation de ce solde, qui regroupe le solde des échanges de biens et des services et les rentrées et sorties d’argent, s’explique essentiellement par la hausse de la facture énergétique du pays, liée à la guerre russe en Ukraine, note la Banque de France. Le déficit hors énergie, lui, évolue peu, précise l’institution. “La facture énergétique explique la dégradation du solde courant en 2022, ce qui permet d’anticiper une amélioration en 2023”, a expliqué François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, en présentant les résultats du rapport annuel sur la balance des paiements.
Sous l’effet de la flambée des prix du gaz et du pétrole, la facture énergétique de la France s’est alourdie de 70 milliards d’euros, propulsant le déficit de la balance commerciale des biens à un sommet de 137,7 milliards d’euros en 2022, contre 67,4 milliards en 2021.
A horizon 2025, le solde des échanges de biens et services devrait rester très déficitaire, malgré un creusement du déficit ralenti depuis le quatrième trimestre 2022, selon les données de la Banque de France.
Les excédents s’améliorent
Plus généralement, la Banque de France indique que si les déficits de la France se creusent, les excédents (aéronautique, agroalimentaire…) s’améliorent. Ainsi, l’excédent des échanges de services atteint un niveau historique à 52 milliards d’euros. Le surplus du tourisme est en forte progression, passant de 4 à 17,4 milliards d’euros.
L’excédent des services de transport maritime déjà engagé en 2021 poursuit son envolée avec un solde de 29,4 milliards contre 21,9 milliards en 2021. L’excédent des services financiers continue à progresser, en lien avec le transfert d’activité de Londres à Paris, constate également l’institution.
“Nos résultats sont encore plus asymétriques que d’habitude : médiocres du côté des biens et nettement meilleurs du côté des services”, a résumé François Villeroy de Galhau.
Le “succès spectaculaire” de la place parisienne
Selon sa banque centrale, la France a enregistré un excédent de 10,4 milliards d’euros en 2022 sur les services financiers, après un excédent de 8,8 milliards en 2021. Si cette amélioration reflète l’augmentation des commissions sur les opérations sur titres et de change en 2022, elle s’explique aussi par le “succès spectaculaire” de la place financière de Paris depuis le Brexit.
“Il s’est accéléré sur la période récente et dépasse nos attentes”, s’est félicité François Villeroy de Galhau. “La plupart des grandes banques internationales ont augmenté de plusieurs centaines leurs effectifs à Paris”, a soutenu le gouverneur. “Il y a un élément de succès collectif et nous ne sommes pas au bout de cette dynamique”, a-t-il ajouté.
Selon lui, plusieurs facteurs expliquent l’attractivité accrue de Paris : la présence de nombreux régulateurs (EBA, ACPR, ESMA), le “vaste spectre” d’activités financières proposées dans la capitale française et le fait que la Bourse de Paris soit devenue la “première capitalisation en Europe”, devant Londres et Francfort.
La Banque de France note par ailleurs dans son rapport annuel 2022 de la balance des paiements que la compétitivité extérieure de la France, mesurée par les coûts unitaires du travail, se dégrade légèrement depuis 2019. “La dégradation de la productivité est plus sensible en France qu’ailleurs”, soulignent les économistes de l’institution, tout en précisant que “ce mouvement n’est pas lié à l’évolution des rémunérations mais à celle de l’emploi qui est très favorable”.