Jouer sur l’inflation serait « suicidaire » ou « complétement imbécile » de la part des industriels de l’agroalimentaire, a estimé samedi leur représentant Jean-Philippe André, président de l’ANIA (Association nationale des industries alimentaires) au moment où les industriels du secteur et les distributeurs doivent être reçus la semaine prochaine par le gouvernement. « L’inflation est un poison lent pour le pouvoir d’achat des ménages, mais c’est également un poison pour le pouvoir d’achat des entreprises », a souligné Jean-Philippe André sur France Inter.
« Il faudrait être suicidaire ou complètement imbécile de jouer sur l’inflation pour gérer les entreprises du secteur agroalimentaire. Ce n’est absolument pas ça » qui se passe, a-t-il affirmé.
S’il reconnaît que la baisse des volumes « n’arrange pas du tout » les industriels, le patron de la principale organisation représentative des entreprises de transformation alimentaire (hors coopératives) réfute toute compensation par des hausses de prix non justifiées pour conserver ou augmenter leur rentabilité. Les prix « sont alignés sur les cours mondiaux des matières premières dont certains sont en baisse mais où d’autres continuent à monter », a-t-il souligné citant l’exemple du sucre, du café ou du porc.
Le gouvernement contre « la vie chère »
Jeudi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé qu’il réunirait avec la ministre du Commerce Olivia Grégoire « la semaine prochaine les distributeurs et industriels pour faire un nouveau point sur la lutte contre la vie chère ». Depuis plusieurs mois, le gouvernement fait pression sur de puissants groupes, tels que Coca-Cola, Mondelez ou Nestlé, pour qu’ils prennent leur part des efforts visant à juguler la flambée des prix. En juillet, l’ANIA avait annoncé qu’une « quarantaine » de grandes industries agroalimentaires s’étaient engagées à faire un « effort » sur le prix d’à « peu près 1.000 produits » de grandes marques.
L’Institut national de la statistique a mesuré la flambée des prix dans l’alimentaire à 12,7% sur un an en juillet, une forte hausse toutefois moindre qu’en juin (+13,7% sur un an). En juillet, les prix à la consommation ont augmenté de 4,3% sur un an, contre 4,5% en juin.