Les médecins et les patients ont aussi un rôle à jouer pour que les Français puissent avoir accès facilement à des médicaments à l’avenir, souligne un groupe d’experts sollicité par le gouvernement. Dans un rapport publié ce mardi, ceux-ci appellent à faire évoluer les prescriptions de médicaments et à sensibiliser les patients à la « sobriété ».
Ces six « personnalités qualifiées » avaient été chargées en janvier dernier par l’exécutif de travailler – en vue de la préparation du budget – sur une évolution du système de financement et de régulation des médicaments. Car de l’avis général, ce système craque de partout.
Un système « mal adapté »
La facture des médicaments remboursés par la Sécurité sociale s’envole , sur fond de développement de thérapies innovantes coûteuses. Dans le même temps, des médicaments incontournables sont victimes de pénuries. De leur côté, les laboratoires se plaignent d’être ponctionnés de façon déraisonnable par l’Etat, via notamment des baisses de prix répétées. La production de certains médicaments serait menacée en dépit des discours sur la réindustrialisation du pays.
Pour sortir d’un système qu’elle qualifie de « mal adapté », « la mission » préconise de construire « un New Deal », supposant « des engagements de tous les acteurs » concernés par les produits de santé. Car la question du financement des médicaments et dispositifs médicaux (prothèses, pansements, etc.) « ne saurait se réduire à un face-à-face entre l’Etat et les industriels ».
Marges « considérables »
Le « New Deal » concernerait notamment les prescripteurs et les patients. Sachant qu’« il existe des marges considérables » pour mieux maîtriser les dépenses de santé, selon les experts. Plutôt que de trop se focaliser sur les questions de prix des médicaments (déjà au plus bas en France), ceux-ci recommandent aux autorités et aux différents acteurs du médicament « d’agir sur les volumes, la qualité et la pertinence de prescriptions et des choix thérapeutiques ».
Parmi une cinquantaine de recommandations, les experts suggèrent par exemple de « prévoir une communication ambitieuse et dans la durée » auprès des patients sur la « sobriété médicament ». Ils proposent aussi « d’accélérer le déploiement et l’usage des outils numériques d’accompagnement de la prescription ». La mission insiste également sur la nécessité « d’accélérer l’utilisation » des tests permettant de déterminer si une maladie est d’origine virale ou bactérienne (les TROD) et donc d’éviter la prescription injustifiée d’antibiotiques, notamment pour les angines.
Développer les biosimilaires
Pour « retrouver de nouvelles marges financières » sans dégrader la qualité, le rapport suggère aussi de développer l’usage des médicaments génériques ou biosimilaires . Des pistes d’évolution déjà défendues par l’Assurance Maladie. La mission recommande aussi de « renforcer les mesures universelles d’hygiène » ou encore « le rôle de prévention et de santé publique des pharmaciens ».
« Les propositions formulées par la mission ont déjà commencé à servir de base à la préparation » du budget de la Sécurité sociale, a réagi le gouvernement. Celui-ci se montre déterminé à développer les tests TROD pour améliorer les diagnostics. Il promet également de « développer activement les biosimilaires ».
Pour autant, l’exécutif prévient qu’il ne reprendra pas tout de suite l’ensemble des préconisations à son compte. « L’ampleur des changements structurels proposés par la mission suppose l’engagement d’une démarche pluriannuelle » ainsi que des « travaux d’approfondissements ».