Alors que 7 millions de personnes en Europe ont été infectées par le coronavirus, et que 220.000 en sont mortes au 31 octobre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) tire les premiers enseignements de cette pandémie pour les systèmes sanitaires européens, dans son panorama annuel de la santé publié ce jeudi.
« Etre préparé et agir vite », c’est la leçon numéro un à retenir des dix premiers mois de crise épidémique sur le Vieux Continent, estime l’OCDE, qui voudrait rendre les systèmes de santé plus « résilients ». Cette résilience devrait, selon elle, devenir une nouvelle dimension de leur performance, au même titre que la qualité et l’accès aux soins.
Se préparer à réagir vite
L’un des facteurs clefs pour bien gérer l’épidémie a été la rapidité de réaction, notamment pour mettre en place le dépistage à grande échelle du Covid-19. « Cela s’est avéré particulièrement difficile dans les pays les plus grands ou les plus peuplés », juge l’OCDE. Trente jours après avoir atteint un taux de mortalité de 10 décès pour 100.000 habitants, l’Allemagne parvenait à réaliser 434 tests pour 100.000 habitants, deux fois plus que ses suiveurs directs (Danemark, Suède, Espagne…). La France était en queue de peloton avec la Bulgarie ou la Suisse, avec moins de 50 tests pour 100.000 habitants. Certains pays ont alors mis les bouchées doubles, mais pas la France : un mois plus tard, on y pratiquait moins de 20 tests pour 100.000 habitants.
Pour être capable de réagir vite si une nouvelle pandémie survient, il faudra aussi développer les dossiers patients partagés, afin de pouvoir recenser les symptômes et orienter chacun dans le système de soins. Les données qui y sont stockées permettent de surveiller en temps réel l’état de santé de la population. Mais seuls six pays sont bien équipés (Autriche, Danemark, Estonie, Finlande, Slovaquie, Royaume-Uni), regrette l’OCDE.
A l’avenir, juge l’organisation internationale, il faudra aussi investir plus dans le personnel de santé, ce qui prend des années car il faut financer des formations. En revanche, plutôt que d’investir dans des lits de réanimation coûteux, mieux vaut développer les capacités hospitalières à la demande, lits éphémères, réserve sanitaire ou hôpitaux de campagne.
Un gradient social dans les décès par Covid
Pour que les systèmes de santé tiennent bon la prochaine fois, il faudra aussi compter avec les soins primaires et les services de santé mentale. « Critiques en temps de crise et pour favoriser la résilience de long terme », ils n’ont pas toujours été mobilisés suffisamment, écrit l’OCDE.
Quatrième leçon : il faut aider « beaucoup plus » les populations vulnérables. « Le virus a touché hors de proportion les personnes âgées, et il y a clairement eu un gradient social dans les décès par Covid-19 », pointe le rapport. Il faudra donc améliorer la prise en charge dans les Ehpad, où les mesures de prévention du virus sont parvenues avec retard, et dans les milieux sociaux défavorisés. En France, en mars-avril, la surmortalité s’est élevée à 48 % chez les migrants, contre 22 % dans l’ensemble de la population.