L’Epagne est passée sous la barre des trois millions de chômeurs pour la première fois depuis 2008 et l’explosion de la bulle immobilière. Les chiffres du mois de mai, publiés ce jeudi par le gouvernement, confirment la reprise soutenue de l’emploi depuis la fin des restrictions liées à la pandémie. Avec 99.512 chômeurs de moins sur le mois, les registres de la Sécurité sociale comptent 965.000 cotisants de plus sur les douze derniers mois.
Tout indique que la saison estivale sera bonne en Espagne, considérée comme une destination sûre, et les régions du littoral devraient faire le plein de vacanciers. De fait, c’est le secteur de l’hôtellerie qui a été en tête des embauches durant mai, avec 85.000 emplois créés, loin devant l’administration et les services (21.000) , l’agriculture (20.000) la construction (15.000) et le commerce (13.000).
« Cela fait 14 ans qu’on n’avait pas eu ces chiffres de chômage », se réjouit la ministre du travail, Yolanda Díaz. « Les politiques publiques que nous déployons montrent leur efficacité », ajoute-t-elle. La réforme du travail qui encadre plus strictement les contrats courts continue effectivement de porter ses fruits et 44 % des embauches ont eu lieu en CDI. Le directeur de Randstad Research, Valentin Bote tempère néanmoins cet enthousiasme : « Il faut aussi noter que parmi ces contrats stables, deux tiers sont à temps partiel ou bien sous un régime dit ‘fixe-intermittent’ », indique-t-il.
Inflation à 8,7 % en mai
Derrière le panorama prometteur d’un chômage sous contrôle, le principal problème de l’économie espagnole est aujourd’hui la forte inflation. Après avoir atteint un pic à près de 10 % en mars, elle est restée à 8,3 % en avril et 8,7 % en mai, elle devrait baisser plus nettement avec l’entrée en vigueur prochaine du nouveau système de tarification électrique négocié avec Bruxelles, qui permettra à l’Espagne et au Portugal de plafonner de prix du gaz, au nom de « l’exception ibérique ». Mais les espoirs d’un cycle d’inflation court s’éloignent. Les analystes pronostiquent une moyenne de 7 % en Espagne pour l’année.
A Madrid, le chef du gouvernement Pedro Sánchez envisage de reconduire pour trois mois de plus, jusqu’à fin septembre, les mesures anticrise mises en place fin mars pour amortir l’impact de la guerre et freiner la perte du pouvoir d’achat. Outre la réduction de la fiscalité sur l’énergie, le soutien des foyers vulnérables et les aides aux secteurs les plus exposés, il s’agit aussi de reconduire la réduction de 20 centimes par litre sur les carburants. Une mesure populaire mais critiquée par les experts qui l’estiment peu ciblée voire contre-productive puisqu’elle n’incite pas à réduire l’usage de la voiture.
Reste à savoir avec quelle majorité l’exécutif compte faire approuver au parlement le prolongement de ses mesures anticrise. Tandis que Pedro Sánchez bénéficie d’une bonne image internationale, il se trouve de plus en plus fragilisé à Madrid. La majorité hétéroclite qui l’a conduit au pouvoir prend l’eau, les griefs s’accumulent et chaque vote dans l’hémicycle se convertit en un exercice acrobatique.
Le gouvernement cherche une nouvelle impulsion mais les élections régionales andalouses qui auront lieu le 19 juin prochain risquent de servir d’avertissement. Au moment où s’ouvre la campagne, le Parti populaire et Vox sont donnés grands gagnants et le PSOE lutte contre la débâcle dans ce qui était le fief socialiste par excellence.