La tech chinoise reprend ses aises à Wall Street

Les autorités chinoises ont assoupli les règles encadrant les audits des sociétés cotées à l'étranger. Une concession inédite saluée par les investisseurs après des mois de tensions croissantes avec les Etats-Unis et des menaces de plus en plus précises de radiation des sociétés chinoises de la cote américaine.


FILE PHOTO: People walk near a Baidu logo at the company headquarters in Beijing, China April 23, 2021. REUTERS/Florence Lo//File Photo

Pékin semble prêt à lâcher du lest pour ne pas se couper de Wall Street. Les autorités boursières chinoises ont assoupli samedi les règles encadrant les audits des sociétés cotées à l’étranger. Une concession inédite de la part de la Chine, annoncée dans l’espoir d’écarter le risque de radiation de la cote des sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis.

Ce geste d’apaisement a été accueilli avec soulagement par les investisseurs américains. L’indice Nasdaq Golden Dragon, qui rassemble la plupart des sociétés chinoises cotées à Wall Street, a bondi de plus de 12 % depuis vendredi et les premières rumeurs de presse à ce sujet.

Les géants chinois de la tech ont largement profité de cette embellie. Alibaba a repris 8 % en deux séances, tandis que JD. com a grimpé de 10 % et le moteur de recherche Baidu de près de 15 %. La place de marché Pinduoduo a, quant à elle, bondi de plus de 20 % depuis vendredi et le site de streaming Bilibili de 25 %.

Bras de fer

Le gendarme américain des marchés financiers, la SEC, menace depuis plusieurs semaines les sociétés chinoises cotées aux Etats-Unis d’une radiation de la cote d’ici à 2024, en application d’une loi imposant un contrôle des comptes par un cabinet agréé par le Conseil de surveillance comptable des sociétés cotées (PCAOB). Après le vote de cette loi fin 2020, un bras de fer s’était engagé entre les autorités américaines et chinoises, ces dernières refusant de longue date d’ouvrir les comptes de leurs sociétés à des autorités étrangères.

Le régulateur boursier chinois, le CSRC, a finalement proposé samedi de mettre un terme à l’obligation de faire auditer les comptes des entreprises chinoises par des organes de contrôle locaux pour les groupes cotés à l’étranger. Pour traiter les requêtes d’investigation des autorités étrangères, il compte développer un « mécanisme de coopération ». Certaines données sensibles pour la sécurité nationale seraient toutefois exclues de ce cadre.

La SEC mène la charge

Reste à voir si cette première concession aux demandes américaines suffira à apaiser les régulateurs américains. Le président de la SEC, Gary Gensler, a récemment multiplié les critiques vis-à-vis de la Chine, seule juridiction avec Hong Kong à refuser de se plier aux exigences américaines.

La semaine dernière, il a souligné que la loi américaine s’appliquait à des pays, et non à des groupes spécifiques. Autrement dit, si une seule requête américaine devait être rejetée à l’avenir, ce sont toutes les sociétés chinoises qui seraient menacées d’exclusion. Plus de 200 sociétés chinoises sont aujourd’hui cotées à New York, et la grande majorité d’entre elles ont toujours refusé d’ouvrir leurs comptes aux inspecteurs du PCAOB, notamment Alibaba et Baidu.


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