L’orge australien est à nouveau bienvenu en Chine, au grand soulagement de Canberra qui réaccède à cet énorme marché. Le ministère du Commerce chinois a annoncé, sur son site internet, la levée des barrières douanières imposées depuis trois ans à ces céréales, signe d’un réchauffement commercial entre les deux nations après deux ans de brouille .
Depuis ce samedi, l’Australie peut à nouveau exporter de l’orge vers la Chine, sans devoir s’acquitter des droits de douane de 80,5 % introduits par Pékin en 2020 comme « mesures antidumping et anti-subvention. »
Une étape positive
Le ministre du Commerce australien Don Farrell s’est réjoui de cette « étape très positive vers la reprise complète d’un commerce normal entre l’Australie et la Chine ». Il a avancé que depuis mai 2020, ces surtaxes ont « effectivement bloqué » l’équivalent d’un milliard de dollars australiens (600 millions d’euros) de vente annuelle d’orge aux clients chinois.
L’affaire avait été portée devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et la procédure suspendue en avril dernier, suggérant l’amorce d’une embellie des relations commerciales. L’Australie annonce désormais abandonner cette procédure, mais une autre reste en cours au sujet des vins australiens, aussi frappés des mesures antidumping chinoises.
Dans les médias nationaux, le ministre Farrell a dit espérer que ce « modèle de suspension d’une procédure devant l’OMC pour offrir au gouvernement chinois la chance de reconsidérer ses tarifs douaniers » pourra être copié « afin que les vins australiens retournent sur les tables des consommateurs chinois ».
Le Covid et les technologies au coeur du contentieux
De nombreux autres produits australiens, comme la viande de boeuf, le charbon ou le homard, restent encore aussi touchés par ces mesures de représailles introduites par la république populaire sur fond de dégradation de liens diplomatiques au cours des années passées.
Le précédent gouvernement conservateur australien avait entre autres froissé Pékin en demandant une enquête indépendante sur l’origine du nouveau coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19, ou encore introduit une loi contre les influences étrangères, excluant le géant technologique chinois Huawei du réseau 5G dans l’île-continent.
Le gouvernement travailliste du Premier ministre, Anthony Albanese, a mis les bouchées doubles au cours des mois passé s pour retisser les liens commerciaux, même si les points de frictions diplomatiques restent nombreux, en particulier dans l’Indo-Pacifique.
Intérêt national
La ministre des Affaires étrangères, Penny Wong, s’est rendue en Chine fin 2022, ce qui n’avait plus été le cas pour un représentant australien depuis des années. Elle a aussi salué la levée des surtaxes, tout en soulignant que cela conforte Canberra dans son approche avec la Chine qui est « de coopérer quand nous le pouvons, d’être en désaccord quand nous le devons, mais tout en s’engageant pour notre intérêt national ».
Pour le ministre du Commerce australien, il n’est pas pour autant question « d’uniquement retourner sur le marché chinois », alors que l’Australie a récemment conclu un accord de libre-échange avec l’Inde et le Royaume-Uni et négocie un tel accord avec l’UE. « Nous voulons répartir les risques et faire en sorte que notre orge d’excellente qualité et d’autres produits soient commercialisés sur toute une série de marchés », a fait valoir le ministre lors d’une interview sur la radio publique australienne ABC.