Le gouvernement français ferait bien de commencer à réduire sérieusement le déficit public dès l’année prochaine. C’est ce que conseille le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport annuel consacré à la situation économique du pays, publié mercredi. A ce stade, Bercy compte ramener ce déficit de 5 % du PIB cette année à 3 % en 2027. Cette trajectoire ne convainc pas l’institution multilatérale. Cette dernière appelle le gouvernement à « rebâtir une capacité budgétaire via un ajustement budgétaire important, mais graduel et soutenable, à partir de 2023 ».
Selon le scénario de base de l’institution, le déficit passerait de 5,1 % cette année à 3,3 % en 2026 avec, in fine une hausse du taux d’endettement public à 115,7 % du PIB en 2026. Le Fonds recommande de faire plus pour ramener dès 2025 le ratio de déficit à 2,7 % puis 2,2 % l’année suivante, ce qui permettrait de contenir le taux d’endettement au niveau de 114 % du PIB après le pic de 2024 (114,6 %).
Pour atteindre de tels objectifs, le Fonds plaide notamment pour une réduction des dépenses, ce qu’il juge « politiquement faisable ». Sur ce plan, l’institution regrette la faible performance de la France, seloo « la réalisation de ses objectifs budgétaires à moyen terme s’est révélée faible, principalement en raison d’une sous-estimation persistante de la croissance des dépenses ».
Les retards dans la réforme des allocations-chômage ; les perspectives incertaines d’une réforme des retraites ; les plans initiaux de l’actuel gouvernement visant à réduire de 120.000 le nombre de fonctionnaires (dont 50.000 au sein de l’Etat) abandonnés par la suite constituent autant de déconvenues pour le FMI.
Ce dernier reste convaincu de la possibilité « de réduire les dépenses sans entraver la prestation des services publics ». A ses yeux, « la simplification et l’unification des régimes de minima sociaux pourraient améliorer les incitations à accroître l’activité, mieux cibler les personnes les plus démunies et générer des gains d’efficacité ». La réduction des chevauchements entre les différents niveaux d’administration permettrait aussi d’améliorer l’efficacité des services publics tout en générant des économies.
Des mesures temporaires
De manière générale, le FMI adresse néanmoins un satisfecit au gouvernement pour sa gestion de la crise sanitaire. Une forte reprise économique est en cours, liée aux progrès de la vaccination, un soutien budgétaire important et des investissements conséquents du secteur privé. « Notre méthode de gestion de la crise nous a permis de relancer l’activité économique très vite et très fort, d’avoir un niveau de croissance économique très élevé en 2021 et de retrouver avant les autres grands pays européens notre niveau d’activité économique d’avant crise. Quand la méthode est bonne, il ne faut pas en changer», a commenté dans un communiqué, le ministre des Finances français, Bruno Le Maire.
La croissance devrait atteindre 3,5 % cette année pour un déficit public de 5,1 % de PIB. Mais cette prévision reste entachée d’incertitudes au regard de l’évolution de la pandémie, des ruptures d’approvisionnement dans l’industrie et l’inflation. Sur ce dernier point, justement, le FMI se montre critique sur les mesures adoptées dernièrement.
S’il soutient l’indemnisation des ménages vulnérables, l’octroi d’ un chèque de 100 euros pour environ la moitié de la population française pour compenser l’inflation n’est « pas suffisamment soumis à des conditions de ressources et fait partiellement double emploi avec d’autres mesures de soutien ». Le plafonnement du prix du gaz et la réduction des taxes sur l’électricité sont mal ciblés – donc plus coûteux – en plus d’être contraires à l’objectif de verdissement de l’économie, regrette le Fonds.
Limiter la hausse de la facture électrique à 4 % cette année coûtera aux finances publiques près de 6 milliards d’euros tandis qu’un gel temporaire des prix du gaz ajoutera 1,7 milliard d’euros supplémentaires. Ces mesures ne sauraient être que « temporaires » aux yeux du FMI. Ce qu’a promis le gouvernement.