La Chine veut éviter un crash conjoint de son activité et de sa monnaie, le renminbi. Dès le 15 septembre, la part des réserves en devises étrangères que les banques sont tenues de maintenir auprès de leur banque centrale passera de 6 % à 4 %. Des ventes de devises (dollar, euro…) devraient en découler et profiter à la monnaie chinoise, espèrent les autorités.
La Chine a annoncé en parallèle des mesures en faveur du marché immobilier et des grandes banques, comme la Postal Savings Bank of China, les ont accompagnées en abaissant leurs taux d’intérêt sur les dépôts. Ces mesures ont entraîné un gain modeste de 0,5 % du renminbi sur le marché offshore (hors de Chine). A 7,25 renminbis, le dollar vaut désormais autant sur le marché chinois qu’à l’extérieur des frontières alors qu’il existait un écart cette année. Moins contrôlée par la Chine, la valeur de sa monnaie hors de ses frontières reflète davantage les craintes des marchés internationaux sur ses risques. En 2023, le dollar a grimpé jusqu’à 7,34 renminbis en offshore contre 7,30 en Chine. Pékin a éradiqué provisoirement cette décote, mais pour combien de temps ?
Cette année, le renminbi cède 5 % par rapport au dollar, 6,2 % contre l’euro et plus de 9 % contre la livre sterling. La seule grande monnaie contre laquelle il progresse, de 5 %, est le yen. La Banque Populaire de Chine (PBOC) veut éviter une crise de confiance à l’égard du renminbi à l’heure où Pékin veut favoriser l’usage de sa devise au sein des BRICS . Elle accélérerait les sorties de capitaux de la Chine. Pékin n’a pas fait mystère que les belles années de croissance des deux précédentes décennies n’étaient plus envisageables à l’avenir. Cette année, la cible de 5 % apparaît hautement aléatoire .
Depuis fin 2022, Pékin mobilise de nouveau les banques publiques chinoises dans la bataille du renminbi. Elles vendent des dollars contre des renminbis que ce soit sur le marché intérieur chinois ou à l’extérieur des frontières et notamment à Londres, première place mondiale sur les changes. Washington a maintes fois reproché à la Chine l’opacité de ses interventions, dissimulées dans les bilans de ses banques nationales.
Cette mobilisation des banques publiques évite à Pékin de puiser dans ses propres réserves de changes (obligations d’Etat américaines) pour intervenir sur le marché. La PBOC l’a parfois fait cette année mais modestement. Elle a fait savoir au marché par le biais des cours de référence (fixing) qu’elle ne souhaitait pas que le dollar dépasse trop le niveau des 7,30 renminbis.
Guerre des changes
Les exportateurs chinois sont sceptiques sur la capacité de Pékin à contenir durablement les forces du marché, surtout si l’économie ralentit plus fortement que prévu. Selon Reuters, ils ont mis en place une stratégie à base de produits dérivés (swaps) pour ne pas convertir tout de suite en renminbis les revenus en dollars qu’ils ont déjà engrangés cette année. Ils anticipent que le billet vert a encore une marge de progression par rapport à la monnaie chinoise et ils ne veulent pas s’en priver. En attendant quelques mois, ils peuvent espérer récolter davantage de renminbis si le dollar fort se maintient.
On peut en outre se demander si Pékin ne sera pas tenté d’utiliser ponctuellement l’arme du taux de change pour redonner de la compétitivité à ses exportations. La Chine a longtemps mené des dévaluations compétitives (guerre des changes) pour favoriser sa croissance. En juillet, ses exportations avaient plongé de 14,5 % (en variation annuelle). Ses ventes aux Etats-Unis s’étaient effondrées de 23 % et de 20,6 % en Europe. Le plongeon du yuan favoriserait au moins le « Made in China ».