Ukraine et plan de « résilience » : les objectifs du gouvernement

Fin 2021, le surcroît d'épargne accumulée depuis la crise du Covid atteignait 175 milliards d'euros, selon la Banque de France. Bercy veut centrer son plan de résilience sur le soutien à l'offre, pas à la demande.


Après deux années marquées par le Covid, l’économie française va devoir gérer les conséquences de l’assaut russe contre l’Ukraine . Une nouvelle étude de la Banque de France montre que les entreprises et les ménages sont dans une situation financière plutôt favorable pour affronter ce nouveau choc.

La dette nette des entreprises (dette brute moins la trésorerie) a peu augmenté, en hausse de 3,7 % seulement, avec une légère remontée à partir de la fin de l’année 2021, liée au redémarrage de l’activité. Après une année 2020 exceptionnelle, leur situation se normalise, constate Olivier Garnier, directeur général de la banque centrale. « Les entreprises abordent l’année 2022 avec une trésorerie et des taux de marge confortables », poursuit-il.

Des dépôts à vue ou rémunérés

Quant aux ménages, fin 2021, leur bas de laine total atteignait 318 milliards d’euros. En deux ans, 175 milliards d’euros supplémentaires ont été déposés par les Français sur des comptes : 113 milliards d’euros en 2020 puis 62 milliards l’an dernier.

« Le surplus d’épargne a continué d’augmenter l’an dernier mais à un rythme moins élevé qu’en 2020 », observe Olivier Garnier. Si, selon ses projections, ce surcroît d’épargne devrait se stabiliser, « les ménages abordent le nouveau choc sur les prix de l’énergie avec un matelas d’épargne financière important », pointe l’économiste. De plus, ce surplus est « facilement mobilisable pour de la consommation ou pour amortir des chocs », les 175 milliards étant principalement déposés sur des dépôts à vue ou rémunérés.

Dans ces conditions, le plan de résilience économique en préparation sera centré sur le soutien à l’appareil productif, pas à la demande, insiste-t-on à Bercy, où les filières industrielles les plus exposées aux risques de pénuries et aux hausses de prix de l’énergie ont été reçues. La concertation doit se poursuivre à Matignon dans les prochains jours, en s’élargissant aux partenaires sociaux.

« Pas de deuxième ‘quoi qu’il en coûte” »

« Il n’y aura pas de deuxième ‘quoi qu’il en coûte”, souligne-t-on au ministère de l’Economie. Ce serait risquer d’augmenter encore l’inflation, comme on le voit aux Etats-Unis avec le plan Biden. Il faut des réponses ciblées aux problèmes posés. » A savoir une augmentation des aides (compensations carbone) aux secteurs gourmands en énergie (gaz, électricité) et très exposés à la concurrence internationale, en coordination avec Bruxelles. Un appui aux filières risquant des ruptures d’approvisionnement (titane, en particulier). Et la poursuite du soutien aux ménages via la prolongation du gel des tarifs réglementés du gaz jusqu’à la fin de l’année (au lieu de juillet).

Reste que ce sont les ménages dotés des revenus les plus élevés qui disposent le plus d’un surplus d’épargne. Et que la guerre en Ukraine risque de raviver les tensions autour du pouvoir d’achat, en particulier des plus modestes. Depuis le début du conflit, les cours du Brent et des céréales battent des records. Ces tensions vont se diffuser sur l’économie et accélérer les hausses de prix. En février, avant même le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, l’inflation a atteint 3,6 % en glissement annue l. Du jamais vu depuis 2008.

Directement affectées par l’envolée des prix des matières premières, « les entreprises vont maintenant augmenter leurs prix de vente. Tout cela se traduira immanquablement par un surcroît d’inflation », a aussi prévenu dans une interview aux « Echos » le président délégué du Medef, Patrick Martin.


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