Après Airbus (1,4 milliard d’euros), Safran (1 milliard) et Dassault Aviation (212 millions) dans l’ordre chronologique, Thales, le dernier du “Big Four” de l’aéronautique française, a annoncé mardi la suppression du versement en 2020 d’une grande partie de son dividende au titre de l’exercice de 2019 (environ 430 millions sur les 463 millions d’euros annoncés lors de l’annonce de ses résultats 2019 en février, soit 2,65 euros par action) conformément aux recommandations du ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Pourquoi cette différence ? Le groupe d’électronique a déjà versé un acompte de 33 millions d’euros en décembre (60 centimes sur les 2,65 euros).
“Nous annonçons aujourd’hui un ensemble de mesures exceptionnelles pour faire face à l’ampleur de la crise du Covid-19″, a expliqué le PDG de Thales. Patrice Caine a précisé que l'”exposition directe aux marchés les plus affectés est limitée. Nos activités dans l’aéronautique civil ne représentent qu’environ 12% du chiffre d’affaires du groupe. Toutefois, à l’instar de toutes les sociétés industrielles, cette crise perturbe actuellement de manière importante les chaînes de production et l’exécution des projets. C’est pourquoi nous mettons en œuvre un plan global d’adaptation afin de limiter les impacts de cette crise et renforcer notre résilience”.
Thales a par ailleurs logiquement retiré ses objectifs financiers pour 2020 en raison des impacts générés par cette crise sanitaire sans précédent. Ces décisions entrent dans le cadre de la mise en œuvre d’un plan global d’adaptation à la crise liée à la pandémie du Covid-19. Dès qu’il sera en mesure de le faire, Thales précisera les impacts financiers de cette crise sur ses comptes et ajustera en conséquence ses objectifs financiers. “A ce stade, il est impossible de quantifier les impacts financiers de cette crise sur les comptes du groupe. Ces impacts dépendront notamment de l’étendue, de la durée et de la profondeur de la crise, ainsi que des possibles effets de rattrapage en fin d’année”, a expliqué le groupe.
Le plan de résilience de Thales
Les mesures mises en place par Thales pour limiter la propagation du Covid-19 ont “un impact significatif sur la production, l’exécution des projets, les approvisionnements et la capacité des clients à prendre livraison des produits et systèmes”. L’impact le plus important devrait porter sur les activités d’aéronautique civile, qui ont généré en 2019 un chiffre d’affaires d’environ 2,15 milliards d’euros sur un chiffre d’affaires total de 18,4 milliards d’euros. Pour Patrice Caine, le portefeuille de technologies clés de Thales dans les domaines les plus critiques, une base de clients diversifiée et un bilan renforcé seront “des atouts structurants pour atténuer les effets de cette crise sans précédent”.
Au-delà de la suppression du versement du dividende, Thales a mis en œuvre un plan global d’adaptation face à cette crise afin de maintenir ses capacités productives au service de ses clients tout en protégeant ses salariés (organisation en équipes distinctes, adaptation des postes de travail pour faciliter la distanciation, nettoyage et désinfection, recours au télétravail, etc…) et d’en limiter les impacts industriels et financiers. Thales s’est donné comme objectif de maintenir la continuité de ses activités critiques et stratégiques, puis de reprendre progressivement son activité.
Une ligne de crédit de 2 milliards d’euros
Thales a également mis en place des mesures pour préserver sa trésorerie. Dans ce cadre, il va renforcer ses capacités de financement au cas où la crise s’amplifierait ou se prolongerait. Afin de renforcer sa liquidité, le groupe a signé une ligne de crédit syndiquée de 2 milliards d’euros. Cette nouvelle ligne porte sur les douze prochains mois, avec une option d’extension de six mois, et ne prévoit pas de clause d’exigibilité anticipée. Elle renforcera “la situation financière très solide” de Thales. Au 31 décembre 2019, il disposait de 2,9 milliards d’euros de trésorerie et d’équivalents de trésorerie et d’une ligne de crédit bancaire non tirée de 1,5 milliard d’euros expirant en décembre 2021. Résultat, au 31 mars, l’encours de papier commercial est comparable au niveau du 31 décembre 2019 (746 millions d’euros).
Par ailleurs, Thales tente de comprimer au maximum ses dépenses. Il impose la prise de congés aux salariés pendant la période de confinement, gèle les embauches dans les fonctions support, baisse le recours à l’intérim tout en mettant en œuvre des dispositifs exceptionnels d’activité partielle dans les pays qui les prévoient. Le groupe gèle également les projets d’investissement non prioritaires (R&D, informatique,immobilier, etc.), réduit drastiquement les dépenses discrétionnaires (marketing, voyages, consultants, etc.) et, enfin, renforce les actions de contrôle du besoin en fonds de roulement, en particulier pour prendre en compte l’impact de la crise sur la demande et les chaînes d’approvisionnement.