Amazon : bras de fer sur les augmentations de salaire en France

Au sein de la branche française du géant de l'e-commerce, les représentants du personnel refusent la proposition de la direction d'une augmentation de 3,5 %. Ils arguent du relèvement de 5 % de la redevance perçue auprès des vendeurs de la place de marché décidée aux Etats-Unis.


File photo dated september 23 2019 of Amazon logistic warehouse in Velizy-Villacoublay near Paris, France The e-commerce company Amazon announced 3,000 job creations in France in 2021 in a press release sent on Thursday. The American giant, some of whose projects on French soil are strongly contested, is committed to "promoting the integration of young people into employment and equal opportunities". Photo by Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM Economie Economy Illustration Illustration Stock Akaba | 755871_009 Velizy-Villacoublay France

Les négociations salariales annuelles ne se déroulent pas dans la sérénité chez Amazon France. Ce jeudi, les discussions tournaient autour de la dernière proposition de la direction, à savoir une hausse de 3,5 %, contre 3 % proposés auparavant. L’intersyndicale a trouvé cela non seulement inacceptable, mais aussi « inadmissible ».

« La direction annonce ne vouloir augmenter nos salaires que de 3,5 % et nous dit clairement qu’elle n’ira pas plus haut », assurent la CFDT, Sud, la CGT, la CAT et le syndicat des cadres CFE-CGC dans un communiqué.

Inflation plus forte aux Etats-Unis

L’inflation progresse chaque mois. Le président-candidat Macron semble vouloir proposer une augmentation des retraites de 4 % une fois élu. Mais les représentants des employés de la branche française du géant de l’e-commerce utilisent un autre argument. Ils reprochent à Amazon de « facturer aux vendeurs une taxe de 5 % pour le carburant et l’inflation » supérieure à ce qu’on leur propose. Du coup, Les syndicats réclament 5 % minimum d’augmentation des salaires.

L’agence Bloomberg a révélé mercredi que le siège mondial de la firme de Jeff Bezos avait décidé le relèvement de 5 % de la redevance prélevée sur les ventes des marchands qui utilisent sa place de marché et ses services de livraison. Il faut dire qu’aux Etats-Unis l’inflation a atteint 8,5 %, notamment en raison de la hausse du carburant. En France, le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire sur l’énergie. La situation n’est donc pas la même. Dans l’Hexagone, en mars, on était à 4,5 % de hausse de prix à la consommation.

Dans les sites logistiques d’Amazon France, une certaine tension commence à poindre, à l’image d’un début de mouvement de filtrage des camions à la sortie de l’entrepôt de Lauwin-Planques (Nord) où étaient rassemblées quelques dizaines de salariés.

2,8 % chez Carrefour et Picard

Amazon a fait « des milliards de bénéfices (en 2021, NDLR), la qualité du travail était donc là », estime Bouzienne Bourdim, chef d’équipe (CFDT). Selon différents salariés présents sur le site, des mouvements équivalents auraient également lieu à Chalon-sur-Saône, Montélimar et Boves (Somme).

« Ça ne bouge pas beaucoup », relativise une source proche de la direction, qui ajoute : « Le taux de participation atteint seulement 2-3 % sur la France et il n’y a pas d’impact ».

La proposition de hausse d’Amazon demeure d’un niveau similaire à celui des augmentations accordées dans d’autres groupes de distribution. Les salariés des hypermarchés Carrefour bénéficiant de plus de quatre mois d’ancienneté ont obtenu 2,8 %, en deux fois, pour l’année. Mais ils avaient déjà négocié une hausse de 1 % en novembre lorsqu’un genre de pré – négociations annuelles. Cela fait 3,8 % au total. Le même chiffre de 2,8 % a été accordé pour 2022 aux gros des employés des supermarchés Carrefour Market.

Sujet commun

Dans la branche logistique du distributeur français, plus proche en termes de métiers des activités d’Amazon, FO a signé une hausse équivalente de 2,8 % (toujours en deux fois).

Chez Picard, FO, également majoritaire chez le spécialiste du surgelé, a protesté mercredi contre la hausse de 2,8 % par laquelle se sont conclues les discussions. Le syndicat demande une réouverture des négociations. L’inflation augmentant un peu plus chaque mois, les demandes de retour aux discussions risquent de se multiplier, à l’image de la volonté du gouvernement de rouvrir les négociations commerciales entre les distributeurs et leurs fournisseurs.


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