Assurance-chômage : le gouvernement lâche du lest

La réduction de 40 % de la durée d'indemnisation si le taux de chômage descend sous les 6 % est reportée à 2024, a annoncé Elisabeth Borne mardi matin. La Première ministre renvoie le sujet, qui avait beaucoup irrité les syndicats, à la prochaine négociation des partenaires sociaux sur les règles d'indemnisation.


Agence Pole Emploi Paris-Cardinet . Paris, FRANCE-27/06/2022.//04MEIGNEUX_meigneuxB022/2206271730/Credit:ROMUALD MEIGNEUX/SIPA/2206271741

Marche arrière toute ! Interviewée mardi matin sur France Info, Elisabeth Borne a annoncé que la réduction de 40 % de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi si le taux de chômage passe en dessous de 6 % de la population active allait être renvoyée à la prochaine négociation sur les règles d’indemnisation entre les partenaires sociaux. Soit début 2024.

« On a voulu être transparents en affichant toutes les situations et les règles qui s’appliqueraient, y compris si le taux de chômage passe en dessous de 6 %. Moi, j’entends que ce point n’a peut-être pas suffisamment fait l’objet de discussions, donc nous allons le retirer, ce troisième niveau du décret qui entrera en vigueur au 1er février, et nous remettrons ce sujet dans la concertation sur les futures règles de l’assurance-chômage », a déclaré la Première ministre.

Rien sur le fond

Avec la loi « mesures d’urgence travail », votée en fin d’année dernière avec l’appui de la droite, la majorité a imposé le principe de la « contracyclicité ». En clair : l’évolution automatique des paramètres d’indemnisation en fonction de l’état du marché du travail, au grand dam des syndicats, et à la satisfaction du patronat. Seul le paramètre du nombre de mois de couverture a été retenu avec un premier cran à compter du 1er février prochain marqué par une réduction de 25 % pour toute nouvelle inscription à Pôle emploi.

Sans en avoir averti les partenaires sociaux, le gouvernement a profité du projet de décret de mise en oeuvre de la « contracyclicité » publié à la veille de Noël pour aller un cran plus loin, provoquant là encore l’indignation des syndicats. Jusqu’à l’annonce de ce mardi matin.

Un sentiment de cafouillage

Le taux de chômage actuel est de 7,3 % de la population active. Le ralentissement économique rendait peu probable que le seuil de 6 % soit atteint avant au moins deux ans. Le retrait de cette partie du décret ne change donc pas grand-chose sur le fond. Sur la forme en revanche, le message traduit tout le moins un sentiment de cafouillage au sein de l’exécutif.

Réfutant tout virage sur l’aile, le ministère du Travail a indiqué que la décision a été prise après échange avec Matignon, rappelant que le principe de contracyclicité est « désormais inscrit dans la loi ». Ce « sera donc un des éléments centraux de la future négociation des partenaires sociaux au sujet des règles d’indemnisation à compter de janvier 2024 ». La négociation se fera dans un cadre qui doit être renouvelé cette année à la faveur d’une refonte de la gouvernance de l’Unédic. Cette refonte pourrait se traduire par l’arrivée du Parlement dans la danse .

Une très bonne nouvelle pour la CFDT

La CFDT, par la voix d’Yvan Ricordeau, a salué une « très bonne nouvelle pour les chômeurs, notamment les plus précaires ». « Il n’y a pas eu de discussion du tout. Clairement, le gouvernement se retire une épine du pied dans le dernier round des discussions sur la réforme des retraites », a-t-il ajouté, toujours sur France Info. Même satisfaction côté FO, Michel Beaugas, cité par l’AFP, relevant « un petit recul obligé » car le Conseil d’Etat aurait « retoqué la mesure parce que non concertée ».

La découverte de ce cran supplémentaire de 40 % avait même surpris dans les rangs de la majorité. Certains voient dans ce report la « patte » de la Première ministre. « Cela peut passer soit pour du tripatouillage soit pour un faux coup de pression. Une fois de plus, il y a quand même un problème au niveau des concertations au ministère du Travail, estime un des conseillers de l’exécutif sous couvert d’anonymat. Cela montre aussi qu’au fond d’elle-même, Elisabeth Borne espère encore arracher une position moins dure de la CFDT sur les retraites , il fallait rattraper la boulette. »

Quelle que soit la raison de ce report, l’intéressée s’est montrée claire : la mesure est mise de côté, mais pas tuée pour autant. « Notre intention est transparente : si le chômage est à moins de 6 %, alors on pense que c’est la bonne règle d’indemnisation », a prévenu Elisabeth Borne.


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