Bercy continue de lever peu à peu le voile sur les leviers d’économies qu’il compte actionner pour boucler un projet de loi de Finances pour 2024 placé sous le signe des « choix difficiles ». Après la présentation du premier bilan annuel des revues des dépenses portant sur douze domaines de l’action publique, lundi, le ministre de l’Economie et des Finances a détaillé ses intentions concernant les 438 opérateurs de l’Etat, ces établissements publics subventionnés et ayant une activité qui peut être rattachée à la mise en oeuvre d’une politique de l’Etat.
Bruno Le Maire a indiqué sur Franceinfo qu’il allait immédiatement mettre en oeuvre une recommandation du rapport, qui vise à « ajuster les financements directs et indirects de l’Etat aux opérateurs pour réduire les excédents de trésorerie ». Ceux-ci atteignent 2,5 milliards d’euros sur un montant total de liquidités de 56,6 milliards d’euros à la fin 2022, d’après la revue des dépenses.
1,25 milliard de crédits repris
« Dès le budget 2024, nous récupérerons la moitié des 2,5 milliards d’euros de trésorerie excédentaire chez les opérateurs », a affirmé le locataire de Bercy, citant Pôle emploi, le CNRS ou les agences de l’eau. Concrètement, 1,25 milliard d’euros de crédits aux opérateurs seront repris au budget général de l’Etat, précise-t-on au ministère. Un montant qui se compare à l’enveloppe de 76,6 milliards qui leur a été octroyée en 2023.
« Vous avez été très chanceux, vous avez des taxes affectées, donc une sécurité sur la recette, et en plus vous avez eu le soutien du plan de relance, donc vous avez une trésorerie qui est très abondante », a lancé Bruno Le Maire à leur adresse. « Rien ne justifie qu’il y ait des trésoreries aussi abondantes », a-t-il ajouté.
Liquidités accumulées
D’après le dernier document budgétaire sur les opérateurs de l’Etat, ceux qui avaient accumulé le plus de liquidités étaient, à la fin 2021, la Société du Grand Paris (14,8 milliards de trésorerie), les universités (3,8 milliards), l’Agence de la transition écologique (1,95 milliard), Pôle emploi (1,5 milliard) et le CNRS (1,18 milliard).
La même annexe « jaune » montre que sur les 33,6 milliards d’euros de subventions pour charge de services publics accordés aux opérateurs, 20 milliards sont dirigés vers seulement cinq d’entre eux (universités, CNRS, Commissariat à l’Agence atomique, France compétences, Pôle emploi). La rationalisation des opérateurs de l’Etat qui s’est accélérée en 2019, avec une baisse du nombre d’entités, va amorcer un nouveau tournant avec le prochain projet de loi de Finances pour 2024.