De nouvelles files d’attente devant les pompes à carburant ? L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a mis en garde contre de possibles pénuries de diesel en Europe cet hiver. Les responsables principaux sont les contraintes d’approvisionnement liées notamment à l’embargo de l’UE sur le pétrole brut russe, en vigueur depuis 10 mois.
Dans son rapport mensuel sur le pétrole, l’AIE estime que l’Europe aura besoin “d’importations soutenues” en provenance d’autres pays. Des contraintes particulières en hiver sur la qualité du diesel pourraient “limiter” de toute façon les approvisionnements.
La guerre Hamas-Israël responsable ?
Alors que le conflit entre Israël et le Hamas fait rage, de nouvelles craintes autour de l’approvisionnement en pétrole auprès de l’Iran apparaissent. L’Iran est en effet soutien officieux du groupe terroriste Hamas, actuellement pointé du doigt par la communauté internationale, et gros producteur de pétrole. Mais selon l’IAE, le conflit n’a actuellement “pas eu d’impact direct sur les flux pétroliers” depuis son commencement samedi et “la perspective” d’un risque sur les flux d’approvisionnement en pétrole reste “actuellement limitée”. Les frappes meurtrières sur Israël et Gaza ont néanmoins “incité les négociants à intégrer une prime de risque géopolitique plus élevée”, explique notamment l’AIE dans son rapport mensuel sur le marché du pétrole.
Les cours du pétrole ont effet bondi de plus de 5 % lundi, avant de se replier depuis mardi. “Alors qu’il n’y a eu aucun impact direct sur l’offre physique (en pétrole), les marchés resteront sur le qui-vive au fur et à mesure de l’évolution de la crise”, prévient l’AIE, qui se dit “prête à agir si nécessaire pour garantir que les marchés restent suffisamment approvisionnés”. Alors que l’avenir du conflit est plein d’incertitude, “une forte escalade du risque géopolitique au Moyen-Orient, une région qui représente plus d’un tiers du commerce mondial du pétrole par voie maritime, met les marchés à rude épreuve”, dans un contexte déjà nerveux sur les prix, pointe l’institution.
Un hiver doux pour éviter la pénurie
Quoi qu’il en soit, “Il faudra peut-être un autre hiver doux pour éviter les pénuries”, avertit l’AIE. “Dix mois après l’entrée en vigueur de l’embargo de l’UE sur le brut russe”, destiné à assécher la rente pétrolière de Moscou, “les raffineurs européens peinent toujours à augmenter leurs taux de traitement et leur production de diesel”, explique l’AIE dans son rapport. Alors que l’Europe semble avoir “peu d’options” pour “améliorer” ses niveaux de couverture des stocks dans les mois à venir, “un rebond des rendements des raffineries” conjugué à davantage d’importations apparaît “nécessaire”, selon l’AIE.
Au niveau des prix, la prolongation par l’Arabie saoudite et la Russie de leur réduction volontaire de production de pétrole a déjà fait grimper les cours à presque 98 dollars le baril mi-septembre, près de la barre symbolique des 100 dollars. Toutes ces contraintes d’approvisionnement pèsent sur les prix du gazole à la pompe, qui dépassent par exemple en France les prix de l’essence depuis fin septembre. La semaine dernière, ils atteignaient 1,89 euro le litre contre 1,86 euro pour le super sans plomb 95-E10.