Carburants : le gouvernement réfléchit à des « mesures de protection »

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indiqué mercredi que l'exécutif examinait plusieurs pistes si les prix des carburants continuaient à monter « dans la durée ». La décision sera prise « dans les prochains jours ». L'exécutif planche sur un dispositif ciblé plutôt qu'une baisse générale de taxe.


A driver prepares to fill his vehicle with gasoline at a service station in the southern French city of Montpellier on October 12, 2021. (Photo by Pascal GUYOT / AFP)

Difficile, quand on a mis un doigt dans l’engrenage, de le retirer. Qui plus est sur un sujet aussi explosif que le prix des carburants et le pouvoir d’achat. Et plus encore à six mois d’une élection présidentielle. Après l’annonce d’une aide exceptionnelle de 100 euros pour tous les bénéficiaires du chèque énergie puis celle, par le Premier ministre Jean Castex, d’un « bouclier tarifaire » jusqu’au printemps prochain pour le gaz et de l’électricité, difficile, pour le gouvernement, de résister à la pression de faire un nouveau geste face à la hausse des prix des carburants.

Interrogé ce mercredi matin sur BFTMV, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indiqué que le gouvernement étudiait des « mesures de protection » pour les Français. S’il est resté très prudent, – « la décision n’est pas prise », a-t-il freiné -, il a avancé que « plusieurs pistes sont possibles. […] Il y a la question de la baisse des taxes. On n’en est pas là aujourd’hui. Il peut y avoir une question d’une aide spécifique ».

Décision rapide

Mais le porte-parole du gouvernement a aussi insisté sur le fait que le gouvernement, avant de prendre sa décision, regarde « ce qui est le plus efficace pour aider les Français qui en ont le plus besoin ». Et d’ajouter : « Dès lors que ces hausses se poursuivraient et que les estimations qui sont faites indiqueraient qu’elles devraient se poursuivre dans la durée, évidemment nous considérerions des mesures de protection, comme on l’a fait sur le gaz, comme on l’a fait sur l’électricité. »

Rappelant que les experts estiment que les prix devraient recommencer à diminuer au printemps, Gabriel Attal a souligné que le sujet est de savoir « comment on aide les Français à traverser » cette période difficile d’ici là. L’exécutif doit prendre sa décision « dans les prochains jours », indique une source gouvernementale. C’est un sujet qu’Emmanuel Macron a, selon le porte-parole, abordé en Conseil des ministres ce mercredi, pour rappeler que « depuis plusieurs semaines, le gouvernement est au rendez-vous pour protéger les Français face aux hausses des prix de l’énergie ». Avec, à la clé, des « travaux nourris » sur ces éventuelles mesures de protection. Mardi, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, avait, de son côté, demandé aux distributeurs de «faire un geste en cette période difficile en réduisant leurs marges.» Ce à quoi le président de l’Ufip (Union française des industries pétrolières) Olivier Gantois a répondu que les marges étaient d’1 centime par litre et qu’il ne serait «pas raisonnable de les réduire davantage».

Prudence de Bercy

A Bercy, on affiche une certaine prudence par rapport au sujet. « Il y a encore beaucoup de questions à trancher », argue une source ministérielle. Le scénario d’une baisse des taxes sur les carburants ne suscite qu’un enthousiasme modéré. Il faut dire qu’une baisse de 5 centimes de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) provoquerait un manque à gagner de 2,5 milliards d’euros pour les comptes publics. « Il n’est pas certain qu’une baisse de 5 centimes soit vraiment perçue par le consommateur », souligne-t-on. Par ailleurs, elle bénéficierait également aux ménages aisés et aux propriétaires de SUV, en contradiction avec les objectifs climatiques.

L’autre solution d’une aide directe est donc privilégiée mais elle pose des problèmes techniques. Pour amortir le choc de la flambée des prix de l’énergie sur la facture de chauffage des ménages, l’exécutif disposait d’un outil déjà opérationnel, le chèque énergie (qui est utilisé pour payer directement les dépenses de gaz ou d’électricité auprès des fournisseurs).

Ce n’est pas le cas pour les carburants, où tout reste à construire, aussi bien le champ des potentiels bénéficiaires – quel niveau de revenu ? seulement ceux qui roulent beaucoup ? – que le guichet par lequel cette aide pourrait passer. « C’est compliqué à mettre en place », remarque-t-on à Bercy, où l’on ne souhaiterait pas avoir à envoyer des bons d’achat d’essence par La Poste… Matignon se donne dès lors quelques jours pour trouver une bonne formule, « sociale et environnementale ».

Hausse du déficit

En 2018, lors de la crise des « gilets jaunes », l’exécutif avait répondu à la même problématique en utilisant plusieurs leviers. Le dispositif des indemnités kilométriques – qui permet de déduire de ses revenus déclarés les frais liés aux déplacements professionnels – avait été élargi et renforcé. Les primes à la conversion pour acheter un véhicule propre avaient été dopées pour les ménages modestes. Et il avait aussi été décidé de défiscaliser les chèques carburant proposés par certaines régions comme les Hauts-de-France de Xavier Bertrand.

Il reste aussi que ces éventuelles nouvelles mesures interviennent au moment où Bercy cherche tant bien que mal à contenir le déficit à 5 % du PIB l’an prochain. Les premières mesures sur la facture de chauffage (600 millions pour le chèque énergie et 5 milliards d’euros sur la baisse des taxes de l’électricité) et le plan d’investissements France 2030, dévoilé mardi, qui coûtera de 3,5 à 4 milliards l’an prochain, pèseront déjà sur les comptes.

Sueurs froides

Ces réflexions montrent en tout cas à quel point le sujet est sensible pour un exécutif encore traumatisé par la crise des « gilets jaunes », dont l’étincelle avait justement été la hausse des prix des carburants. Le pouvoir d’achat, selon le Présitrack OpinionWay pour « Les Echos » , est devenu le premier thème de préoccupation des Français. Et les candidats à l’élection présidentielle rivalisent de propositions pour freiner l’envolée des prix de l’énergie.

C’est le cas de Marine Le Pen, qui veut baisser la TVA sur l’essence, le gaz et l’électricité à 5,5 % pour « un choc de pouvoir d’achat ». Quand Jean-Luc Mélenchon, plaide, lui, en faveur d’un blocage des prix de l’énergie et Annie Hidalgo prône une baisse de la taxe sur les carburants.

« Le problème, sur le pouvoir d’achat, c’est un combat duquel on ne sort jamais gagnant, il y a toujours un écart entre les chiffres et le ressenti, et les baisses sont toujours davantage ressenties que les hausses », s’inquiète un député LREM de la commission des Finances de l’Assemblée, qui a des sueurs froides s’agissant du bouclier tarifaire. « Si jamais les prix ne redescendent pas au printemps, il faudra, après l’élection présidentielle, prendre des mesures difficiles. »


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