Le groupe pétrolier TotalEnergies a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la rémunération mensuelle moyenne d’un opérateur de raffinerie de TotalEnergies en France en 2022 est de 5 000 euros par mois, intéressement participation compris » (4 300 euros hors intéressement).
Dimanche, le groupe pétrolier TotalEnergies a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la rémunération mensuelle moyenne d’un opérateur de raffinerie de TotalEnergies en France en 2022 est de 5 000 euros par mois, intéressement participation compris » (4 300 euros hors intéressement).
Le chiffre de 5 000 euros, avancé par TotalEnergies, a été vivement contesté par Emmanuel Lépine, secrétaire général FNIC-CGT, qui a assuré au micro de RTL lundi 10 octobre, que le salaire moyen* d’un opérateur de raffinerie était « aux alentours de 3 000 euros ».
Quelle rémunération réelle chez TotalEnergies ?
« En partant d’une moyenne annuelle de 40 000 euros, qui incluent toutes les primes, nous n’arrivons pas aux 5 000 euros mensuels. Nous sommes sur des salaires très inférieurs, sans les primes. Ils avoisinent les 3 000 euros bruts par mois », a précisé de son côté Eric Sellini, coordinateur syndical de la CGT à TotalEnergies. Avec les primes et une base de 40 000 euros sur treize mois, le salaire d’un opérateur de raffinerie s’éléverait à un peu plus de 3 000 euros.
« La rémunération minimale annuelle garantie est de 25.000 euros bruts par an, sans les primes; la moyenne est autour de 40.000 euros brut toutes primes comprises », détaille Eric Sellini auprès de BFM. « Le salaire d’embauche d’un opérateur est de 2120 euros bruts. A cela peuvent s’ajouter des primes si la personne fait des ‘quarts’. 4300 ou 4500 euros, c’est le salaire d’un chef de service en fin de carrière ou d’un chef de quarts avec 20 ans d’ancienneté », assure-t-il.
Selon le Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ), une association française créée par le ministère de la Jeunesse et des Sports, un opérateur de raffinerie débutant gagne entre 1 600 € à 1 800 € net par mois et jusqu’à plus de 3 500 € en fin de carrière.
Une bonne rémunération qui s’explique par la pénébilité du travail et des connaissances et compétences bien particulières. Concrètement, l’opérateur est en charge du bon fonctionnement des installations au sein d’une unité de raffinage. Il « règle les vannes, vérifie la pression, relève les paramètres, procède à des tests, des essais de sécurité et des analyses, relève des échantillons… Il utilise des appareils de mesure mais aussi des outils connectés qui lui permettent de transmettre directement les données au PC (poste de commande) et de consulter les documents techniques des installations ».
L’opérateur de raffinerie travaille en extérieur et travaille en horaires décalés (généralement en 3×8), ainsi que le week-end et les jours fériés. Son environnement est bruyant et à risques (gaz, produits chimiques)…
Analyse d’une fiche de paie chez ExxonMobil
Un métier difficile donc comme l’a expliqué sur CNews, ce mardi matin, Germinal Lancelin, secrétaire général CGT ExxonMobil Chimie sur CNews qui a détaillé une fiche de paie d’opérateur de raffinerie chez ExxonMobil :
– Le salaire de base, qui correspond au salaire brut avant déduction des cotisations sociales et avant versement des prestations sociales (il ne comprend ni les primes ni les heures supplémentaires) : 2243 euros.
«On ne cautionne pas du tout ces chiffres, sur une fiche de paye type pour un opérateur, le salaire mensuel net est de 2542 euros, ceci inclut toutes les primes de pénibilité» rappelle Germinal Lancelin au sujet des salaires annoncés par la direction de Total, dans #HDPros pic.twitter.com/1NsOFBlhZ5
— CNEWS (@CNEWS) October 11, 2022
– Le salaire brut fiscal, salaire avant déduction des charges sociales obligatoires (cotisations sociales, CSG-CRDS, etc.) et des cotisations à la mutuelle d’entreprise et prévoyance : 3241 euros.
– Le salaire net qui correspond à la somme d’argent qui arrive sur le compte bancaire, une fois soustraction de l’ensemble des charges : 2542 euros.
Germinal Lancelin précise que ces opérateurs ont perçu, pour l’exercice 2019 qui « était plutôt bon », 21 euros de participation (partage d’une petite partie des bénéfices de l’entreprise avec les effectifs) et 455 euros d’intéressement (prime liée à la performance de l’entreprise).
Salaire d'un opérateur posté confirmé ExxonMobil base : 2243€ brut fiscal 3241€ et net incluant toutes primes de pénibilité du au roulement 5×8 continus 2542€. Participation et intéressement 2019 : 21€ et 455€… pic.twitter.com/7ltsmvu4s6
— cgt exxonmobil (@cgtexxonmobil) October 11, 2022
Grève reconduite
Esso a proposé une hausse de 6,5 % et une prime de partage de la valeur (anciennement prime Macron) de 3 000 € hors participation et intéressement et a annoncé que « deux organisations syndicales majoritaires, le CFE-CGC et la CFDT, sont signataires de l’accord salarial proposé par la direction ». De leurs côtés, la CGT et FO ont décidé de reconduire mardi la grève qui touche les deux raffineries françaises du groupe Esso-ExxonMobil
Chez TotalEnergies, les grévistes de TotalEnergies ont reconduit mardi matin le mouvement de grève pour les salaires à l’appel de la CGT, en dépit de la pression croissante du gouvernement, a indiqué Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe. Le syndicat réclame 10 % d’augmentation sur les salaires — 7 % pour l’inflation, 3 % pour le partage de la richesse — le géant français de l’énergie ayant engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre 2022. La rémunération et les avantages attribués au PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné au titre de 2021 s’élevaient à 5,9 millions d’euros, en hausse de 52 % par rapport à 2020.
*Il s’agit d’un salaire moyen (moyenne de l’ensemble des salaires de la population considérée) et non pas d’un salaire médian (correspond à celui pour lequel 50% des Français gagnent plus et 50% des Français gagnent moins.) Le salaire mensuel net médian (avant impôt), en équivalent temps plein, des salariés du secteur privé s’élevait à 2 005 euros, d’après les données de l’Insee pour l’année 2020.Toujours selon l’Insee, en 2020, un salarié du secteur privé gagne en moyenne 2 518 euros nets par mois en équivalent temps plein (EQTP).