Le spectre s’assombrit pour les salariés de Casino. Les syndicats craignent désormais une “casse sociale sans précédent” au sein de l’enseigne, après une réunion tenue à Paris avec la direction et le consortium de repreneurs. Selon l’intersyndicale du distributeur de Saint-Etienne (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), ces investisseurs qui doivent prendre le contrôle de Casino au premier trimestre 2024 auraient affirmé “ne plus pouvoir respecter son plan initial de juillet 2023”.
Le groupe, qui ne voit pas le bout de ses difficultés financières, s’était accordé avec ses créanciers fin juillet sur une restructuration de son endettement, accompagnée d’un changement d’actionnariat avec une prise de contrôle par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor. Mais entre-temps, sa situation économique ne s’est pas améliorée et il a indiqué la semaine passée être prêt à céder des magasins si des concurrents étaient intéressés, ce qui fait craindre une “vente à la découpe” du groupe aux salariés.
Les représentants du consortium, Philippe Palazzi, qui est appelé à devenir PDG de Casino une fois le changement d’actionnariat effectué, et Denis Olivennes, homme lige de Daniel Kretinsky en France, ont indiqué aux représentants syndicaux “soutenir la volonté du groupe Casino de vendre la totalité des hypermarchés et des supermarchés”, selon l’intersyndicale. Cette accélération des cessions envisagées s’explique entre autres par la situation économique du groupe qui comptait encore 200 000 salariés dans le monde fin 2022, dont 50 000 en France différentes enseignes telles que Monoprix ou Franprix.
De nouvelles mobilisations ?
L’intersyndicale, qui doit se réunir ce vendredi 8 décembre, a rappelé auprès de l’AFP que les cinq organisations la composant pourraient “envisager” de nouvelles mobilisations afin que les salariés “soient respectés et entendus”. Elle entend également se rendre lundi prochain au tribunal de commerce de Paris, où doit être examinée une demande de prolongation de la période de sauvegarde accélérée, à la veille d’un comité social et économique central de Distribution Casino France. Une autre rencontre avec les représentants des repreneurs est par ailleurs prévue le 19 décembre à Saint-Etienne.
Malgré la situation critique de Casino, ses magasins suscitent des convoitises : le groupe dit avoir reçu plusieurs marques d’intérêt. Auchan et Intermarché sont les seuls à avoir officiellement confirmé une offre conjointe et d’ampleur. Nathalie Devienne, porte-parole (FO) de l’intersyndicale, a précisé à l’AFP que les syndicats avaient souligné qu’il faudrait “regarder aussi l’accompagnement des salariés qui vont être transférés” dans d’autres groupes que Casino, si tout ou partie des magasins sont vendus. “Il n’y a pas de perte d’emploi mais leur situation n’aura rien à voir avec ce qu’ils ont connu avec Casino”, a-t-elle déclaré. Dans ce contexte d’incertitudes, le groupe a mis en place un “dispositif d’accompagnement et d’écoute des collaborateurs”, selon une source syndicale.