Depuis le début de l’année, du côté de l’exécutif comme des syndicats, personne n’a retenu ses coups. Y compris lorsque les organisations de salariés ont obtenu un rendez-vous avec Elisabeth Borne le 5 avril dernier . La rencontre a tourné court, tous les leaders syndicaux partant après avoir exprimé leur opposition à la réforme des retraites.
Jusqu’à quel point la rancune va perdurer de part et d’autre ? Il faudra patienter pour le savoir. Alors que le feuilleton des retraites n’est pas fini avec une mobilisation le 6 juin et l’examen de la proposition de loi Liot sur l’abrogation du report de l’âge légal à 64 ans deux jours après, les retrouvailles entre la Première ministre et les leaders syndicaux vont manquer de chaleur. Mais ce sera tout de même une reprise de contact.
Une reprise de contact
Chacun des syndicalistes va bien sûr dénoncer de nouveau la réforme des retraites . Mais de nombreux autres sujets devraient être évoqués lors de chacun des entretiens bilatéraux qui vont démarrer ce mardi en toute fin d’après-midi avec Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, puis Laurent Berger, celui de la CFDT. Ils se poursuivront le lendemain avec François Hommeril, le président de la CFE-CGC, Cyril Chabanier, le leader de la CFTC et Sophie Binet , la nouvelle secrétaire générale de la CGT.
Certains dossiers liés à la réforme des retraites figureront à l’ordre du jour : l’emploi des seniors , après que le Conseil constitutionnel a retoqué la création d’un index spécifique et le CDI ciblé sur les salariés âgés. Les syndicats veulent aussi remettre sur le métier le volet pénibilité sur lequel ils jugent les quelques concessions faites par l’exécutif largement insuffisantes. Si la Première ministre n’a fixé aucun ordre du jour, cela ne veut pas dire que le gouvernement est prêt à rouvrir le dossier.
Donner corps au « pacte de la vie au travail »
En revanche, il va devoir donner corps au « pacte de la vie au travail » annoncé par le chef de l’Etat , avec les thématiques de l’amélioration des conditions de travail, des reconversions et le compte épargne-temps universel cher à la CFDT, qui suscite les inquiétudes du patronat.
D’autres sujets vont s’imposer d’eux-mêmes parce qu’au coeur de l’actualité. A commencer par les salaires et le pouvoir d’achat . Une thématique que les syndicats ont bien l’intention de lier au sujet de la conditionnalité des aides versées aux entreprises. L’exécutif a bien conscience qu’ils font même une priorité de cette conditionnalité, un sujet cependant compliquée juridiquement. Les syndicats veulent aussi mettre sur la table la révision des ordonnances de 2017 réformant le Code du travail, ce qui n’est pas gagné alors que le chef de l’Etat en fait une réforme emblématique de son premier quinquennat.
Négocier sur l’assurance chômage
Parmi les dossiers chauds figure aussi France travail dont l’avant-projet de loi va franchir l’étape du Conseil d’Etat, ainsi que la réforme du RSA. Même si l’échéance est moins immédiate, le chantier de l’assurance-chômage soulèvera quant à lui deux questions bien distinctes. La première concerne sa gouvernance que l’exécutif voulait remettre à plat. Le ministère du Travail a lancé des concertations avec les partenaires sociaux mais du côté de l’exécutif, on a bien compris que les syndicats ne voulaient pas ouvrir le dossier.
La seconde concerne les règles de l’assurance-chômage. L’Etat a pris la main, mais la convention qui les régit arrive à son terme à la fin de l’année et les partenaires sociaux veulent revenir dans le jeu. « Il faut que l’Etat nous adresse un document de cadrage qui fixe des objectifs et non pas des directives qui nous enferment », explique un négociateur.