Présentant jeudi le bilan du plan « 1 jeune, 1 solution » un an après son lancement, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a égrainé les succès des différents dispositifs mis en place. De tous, sauf d’un. « Peut-être que s’il y a un point qui ne fonctionne pas à 120 %, contrairement aux autres dispositifs, c’est le parcours emploi compétences [PEC] », a-t-elle déclaré, visiblement agacée par la situation. Anciennement appelés « contrats aidés » et limités au secteur associatif ou public, les PEC garantissent une prise en charge du salaire de l’employé de 50 % en moyenne.
Les contrats en apprentissage ont augmenté de 42 % en 2020 pour atteindre 525.600, un record absolu porté par les généreuses primes à l’embauche. Plus de 800.000 jeunes sont entrés en parcours d’insertion entre août 2020 et mai 2021. A cela s’ajoutent 520.000 primes à l’embauche en CDI ou en CDD de plus de trois mois demandées par les entreprises depuis juillet 2020 (la prime a pris fin en mai), dont les effets demeurent nuancés.
Caillou dans la chaussure
Dans ce tableau, les PEC sont visiblement un caillou dans la chaussure de la ministre, malgré des améliorations apportées sur le taux de prise en charge, qui peut grimper jusqu’à 80 % pour un jeune issu d’un quartier prioritaire de la ville. « Alors même que nous avons levé les freins sur lesquels on nous avait alertés […], je n’ai pas le sentiment, à ce stade, qu’on se les arrache », a-t-elle lâché.
Elisabeth Borne a pointé les collectivités territoriales et les réseaux d’associations, auxquelles elle a lancé un appel : « Bonne nouvelle pour tous ceux qui avaient critiqué la baisse des contrats aidés, les contrats sont là, les jeunes sont là ; je vous invite à vous en emparer. »
En 2017, le gouvernement Philippe avait été très critiqué après avoir drastiquement réduit le nombre et le taux de subvention des contrats aidés. Dans le cadre du plan de relance, le gouvernement Castex a dû leur donner une nouvelle vie, à hauteur de 60.000 places supplémentaires, en plus des 20.000 budgétées avant la crise.
Critique infondée ?
Lorsqu’on regarde les chiffres, le manque d’appétit des collectivités ou des réseaux associatifs ne saute pas aux yeux effectivement. Entre juillet 2020 et avril 2021, dernier mois recensé, près de 75.500 PEC ont été conclus ou renouvelés, selon le ministère du Travail. Depuis janvier, il s’en signe en moyenne plus de 7.000 par mois.
Sauf qu’il y a PEC et PEC et qu’il faut jongler sur deux exercices pour apprécier les chiffres ! Sur l’ensemble de ceux qui ont été signés, 32.000 l’auraient été par des jeunes de moins de 26 ans, selon nos informations : 20.000 l’année dernière et 12.000 depuis janvier. Soit 40 % de l’objectif fixé. Ce manque de dynamisme corrobore les critiques d’Elisabeth Borne même s’il faut attendre la fin de l’année pour tirer la conclusion définitive.
Fédérant les métropoles, communautés urbaines, communautés d’agglomération et grandes villes, France urbaine n’a pas de données à opposer à la critique d’Elisabeth Borne. Plutôt qu’un dispositif uniforme défini à Paris, l’association milite au contraire pour partir du terrain et tenir ainsi compte des spécificités locales en matière de population.
« Il faut changer de logiciel », avance un porte-parole. France urbaine propose de lancer des expérimentations sur deux ans dans douze territoires volontaires autour du revenu de solidarité jeunesse, de l’accès aux biens essentiels ou contre la précarité.