Les circonstances changent, les fondamentaux macroniens restent. Comme en début du premier quinquennat, le gouvernement s’apprête à serrer la vis sur les contrats aidés. L’argumentaire ? Avec la fin de la pandémie et un marché de l’emploi en pleine forme, la puissance publique ne peut plus subventionner autant de postes, surtout dans le privé. C’est d’autant moins nécessaire qu’il faut trouver des économies tous azimuts pour financer la transition écologique, la justice et l’armée.
« L’objectif est bien de revenir à terme au niveau de 2019 – avant la crise du Covid – à mesure que le chômage baisse, mais aussi de les supprimer complètement dans le secteur marchand », a déclaré lundi le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, en dévoilant aux « Echos » les grandes lignes du budget 2024. Las, les détails manquent pour mieux cerner l’objectif poursuivi, d’autant que ni son entourage ni le ministère du Travail n’ont voulu commenter plus avant.
Pas une économie de ouf
Des premières estimations réalisées par « Les Echos » – non confirmées officiellement donc – sur la base du projet de loi de finances 2023 et des statistiques de la Dares, il ressort que le coup de vis ne générera pas une économie très importante. Entre 100 et 200 millions d’euros, et encore, pas tout de suite.
Premier point à éclaircir, de quels contrats aidés parle-t-on ? On peut sans risque écarter l’apprentissage : sauf revirement, la prime à l’embauche unique de 6.000 euros a été sanctuarisée jusqu’à la fin du quinquennat. On peut aussi écarter les aides aux postes de l’insertion par l’activité économique (IAE), un secteur mis en avant par le ministère du Travail. Idem a priori pour ce qui est des emplois francs, surtout après la vague de violence qui a secoué certaines banlieues – ils sont réservés aux chômeurs des quartiers prioritaires de la ville ou des zones rurales.
Restent les contrats uniques d’insertion, version initiative emploi (CUI-CIE). Enterrés en 2018, ils ont été ressuscités avec le plan « 1 jeune, 1 solution » de l’été 2020, quand la sortie du premier confinement a fait craindre un tsunami pour les jeunes sans soutien public massif. Ciblés sur le secteur marchand, ils sont donc promis à retourner aux oubliettes si l’on en croit Gabriel Attal.
Entre les 31.500 nouvelles entrées prévues en 2023 et 30.000 fins de contrats conclus en 2021 et 2022, le gouvernement a prévu d’y consacrer 92 millions d’euros de crédits de paiements cette année, et 156 millions en autorisations d’engagement. Même si le robinet se ferme totalement au 1er janvier prochain, il faudra « solder » l’encours jusqu’à 2025.
Politique avant tout
Restent enfin les pendants des CUI-CIE pour les employeurs du secteur non-marchand. Autrefois dénommés CUI-CAE, ils ont été remplacés par les parcours emploi compétences en 2018, les PEC. A la clé, un meilleur ciblage sur les personnes éloignées du marché du travail et une dose de formation plus importante de la part de l’employeur.
Le budget 2023 a prévu, avant mise en réserve, 355 millions pour en financer 80.000 nouveaux et finir de financer les 54.000 engagés les deux précédentes années non encore terminés. Si l’on ne considère que les entrées, et même s’il est trop tôt pour arrêter les comptes, le volume prévisionnel est déjà en recul par rapport au volume réalisé de 2019, à hauteur de 14.000 PEC précisément.
Pour dégager des économies substantielles en 2024, le gouvernement devra fixer le curseur PEC très bas et assumer la très probable vague de protestation du monde associatif que les syndicats ne manqueront pas de relayer.