Coronavirus : la barre des 10 millions de salariés en chômage partiel en vue

Le nombre de personnes concernées par cette mesure a connu une progression vertigineuse depuis le début du confinement. Les flux actuels restent soutenus, alimentés notamment par les demandes rétroactives ou de grands groupes. Mais un certain ralentissement semble s'amorcer.


A sign explaining the closure of a construction site of a residential building is pictured, amid the coronavirus disease (COVID-19) outbreak in Paris, France, April 2, 2020. REUTERS/Benoit Tessier

Un peu plus de 110.000 au soir du 13 mars ; 9,3 millions vendredi dernier. Jour après jour, au gré des tweets égrenés par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, la courbe du nombre de salariés en chômage partiel grimpe de manière vertigineuse. Au point que la barre des 10 millions – soit un salarié du secteur privé sur deux – sera vraisemblablement franchie cette semaine. On sera peut-être même très largement au-delà le 1er mai, quand seront déversées les 2,1 millions de personnes en arrêt de travail pour garde d’enfants ou vulnérabilité particulière face au coronavirus.

Dispositif phare du plan de soutien du gouvernement face à l’épidémie de Covid-19 , l’activité partielle (terme légal) a fait l’objet d’une ouverture jamais vue dans l’histoire sociale du pays en termes de type d’emploi éligible (cadres au forfait, intérimaires, VRP multicartes…) et de niveau de prise en charge (jusqu’à 4,5 fois le SMIC). Cette pseudo-« nationalisation » du paiement des salaires, pour reprendre les propos d’Emmanuel Macron dans « Le Point », a un coût : 24 milliards pour trois mois, à charge de l’Etat pour deux tiers et de l’Unédic pour le reste.

« Avait-on le choix ? C’est bien mieux que de passer par la case Pôle Emploi même si on nourrit l’aléa moral. Ce qui compte, c’est préparer la sortie », estime Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université d’Aix-Marseille. L’avis est très largement partagé, au sein des syndicats notamment, nourri de l’expérience de la crise de 2008 : des centaines de milliers de licenciements qui ont alimenté un noyau dur de chômage de masse toujours prégnant dix ans plus tard.

Une légère inflexion depuis quelques jours

Muriel Pénicaud n’a donc pas fini de tweeter, au point de laisser craindre que l’économie, inexorablement, s’achemine vers la grande panne. Pourtant, les hausses quotidiennes du nombre de salariés en chômage partiel, pour spectaculaires qu’elles sont, laissent à penser qu’un plateau est en vue. Elles ont dépassé les 400.000 certains jours de la semaine du 23 mars, les 500.000 voir 600.000 la plupart de ceux des deux semaines suivantes. Le record ? Près de 700.000 de plus le 3 avril ! Mais depuis, on note une certaine décrue, malgré deux jours à plus de 300.000.

Benjamin Leperchey, directeur régional adjoint en charge du pôle Entreprises, emploi et économie de la Direccte Ile-de-France, le confirme. « Le volume de demandes d’autorisation d’activité partielle s’infléchit légèrement depuis quelques jours, ce qui laisse penser que les entreprises qui prévoient d’y avoir recours ont en majorité effectué leur démarche », indique-t-il.

Les demandes d'autorisations pourraient ralentir dans les jours à venir.
Les demandes d’autorisations pourraient ralentir dans les jours à venir.

La résolution des problèmes de connexion permet d’enregistrer les demandes des entreprises qui n’avaient pas pu les déposer plus tôt. A cela s’ajoutent celles de certaines grandes entreprises qui ont pris le temps de peaufiner un accord avec leurs syndicats. C’est le cas d’Airbus, qui a décidé vendredi de placer 3.000 salariés en activité partielle jusqu’au 17 mai.


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