C’est la baisse la plus forte depuis que l’Insee calcule la croissance, c’est-à-dire depuis 1949. Le PIB de la France a chuté de 5,8 % au premier trimestre, a annoncé l’institut statistique ce jeudi matin. C’est le premier chiffre, avec la hausse du chômage au mois de mars , qui montre l’impact de la pandémie de coronavirus sur l’économie française. L’effet du confinement sur l’activité économique de l’Hexagone est donc plus fort que celui de la faillite de Lehman Brothers, le PIB ayant reculé de 1,6 % au premier trimestre 2009. Il est aussi plus important que celui de la grève générale qui avait duré trois semaines en mai 1968 puisqu’au deuxième trimestre 1968, l’activité avait plongé de 5,3 %.
Toutes les composantes du PIB ont baissé. Le confinement ayant débuté le 17 mars, la consommation des ménages a reculé de 6,1 % au cours des trois premiers mois de l’année, les Français ayant été empêchés de dépenser normalement pendant deux semaines. D’ailleurs, mercredi, la Banque de France a confirmé l’épargne « forcée » importante au mois de mars. Alors que, en moyenne depuis trois ans, les ménages mettaient de côté 6 milliards d’euros en mars, cette année, ils ont thésaurisé près de 20 milliards. Seules les dépenses en produits alimentaires ont nettement augmenté au premier trimestre de 2,4 %.
Investissements et exportations en baisse
L’investissement a lui, chuté de 11,8 % au premier trimestre. Les entreprises ont été prudentes, certaines ayant probablement anticipé des difficultés dès le mois de janvier ou février avec l’irruption du virus en Chine.
Autre conséquence du coronavirus, les exportations ont plombé les comptes nationaux en reculant de 6,5 %. La pandémie a aussi touché les principaux clients étrangers de l’Hexagone, Chine, Italie et Espagne en tête en ce début d’année.
Recul encore plus prononcé au deuxième trimestre
Mais le pire est à venir. La baisse du PIB sera évidemment encore bien plus forte au deuxième trimestre. L’Insee estime que chaque mois de confinement ampute le PIB mensuel de 3 % et le gouvernement table sur un recul de 8 % cette année. Mercredi, à l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a insisté sur le fait qu’il s’agissait « d’un chiffre provisoire, puisque l’évolution de la situation et notre estimation dépendront de l’évolution de la crise sanitaire, de l’impact qu’elle aura sur la situation économique aux Etats-Unis et également dans les pays en voie de développement ».
Il a aussi annoncé clairement la couleur. Pour lui, « le deuxième temps, celui qui vient maintenant et qui va s’ouvrir dans les semaines qui viennent, en particulier au moment de la rentrée de septembre-octobre, est celui où les difficultés de trésorerie des entreprises peuvent être les plus importantes et où nous risquons une multiplication de faillites ».