Précieux vaccins. Selon une étude statistique de Santé publique France publiée ce mercredi, la vaccination contre le Covid a bel et bien permis d’écrêter la troisième vague de l’épidémie (de début mars à fin mai 2021) et d’aplanir considérablement la quatrième vague (de mi-juillet jusqu’à la fin octobre). Cette dernière a surtout été ressentie dans les zones les moins vaccinées de France – Guadeloupe, Martinique, Guyane, mais aussi Provence-Alpes-Côte d’Azur et Seine-Saint-Denis.
Une multitude d’études sur l’efficacité des vaccins a déjà été produite. On sait par exemple que la vaccination permet de réduire de 85 % le risque de forme symptomatique contre le variant alpha, dominant pendant la troisième vague. Elle est moins efficace pour barrer la route au variant delta, qui a pris le dessus lors de la quatrième vague, mais elle permet encore d’éviter 88 % des hospitalisations .
Cette nouvelle étude s’intéresse à la baisse réelle de l’incidence et des cas graves dans chaque tranche d’âge courant 2021, à mesure que leur couverture vaccinale s’accroissait. Elle fait écho aux modélisations épidémiologiques du début de l’année, qui prévoyaient cet aplanissement des courbes. La mécanique vertueuse s’est bien enclenchée. Pour Sophie Vaux et les coauteurs de l’étude, « ces résultats soulignent l’efficacité de la stratégie d’introduction rapide de la vaccination en ciblant en priorité les personnes les plus à risque ».
Les résidents en Ehpad plus vite protégés
Lors de la troisième vague, seuls les résidents en Ehpad et unités de soins de longue durée et les plus de 75 ans ont réellement bénéficié de la vaccination, les autres classes d’âges n’étant que marginalement immunisées. Dès le 28 février, 71 % des résidents avaient reçu au moins une injection et, au milieu de la vague, début avril, ils étaient entièrement vaccinés à 67 %. Résultat : alors qu’ils avaient été durement frappés par la deuxième vague (début octobre à fin novembre 2020), les contaminations ont en moyenne chuté de 89 % lors de la troisième vague, dans les mêmes proportions que le nombre de cas graves.
Pour les plus de 75 ans ne vivant pas en collectivité, la vaccination a été un peu plus tardive et plus lente : la couverture par double dose n’était que de 29 % en milieu de troisième vague. La chute du nombre de cas par rapport à la deuxième vague a donc été moins prononcée dans cette tranche d’âge (-47 %). Puis leur taux de couverture complète a atteint 80 % au début de la quatrième vague, le 19 juillet, ce qui a permis d’amplifier les effets positifs de la vaccination, avec une baisse moyenne de 84 % de l’incidence, de 77 % des hospitalisations et de 82 % des décès pendant cette phase épidémique, par rapport à la deuxième vague.
Les 50-74 ans touchés par la troisième vague
Les 50-74 ans, eux aussi relativement vulnérables au Covid mais un peu plus résistants, ont dû patienter plus longtemps pour être éligibles à la vaccination. Le 28 février, seuls 5 % d’entre eux étaient primo-vaccinés. Mais le 18 juillet, 71 % avaient déjà reçu leurs deux injections.
Ils se sont d’abord pris la troisième vague de plein fouet : le taux moyen hebdomadaire d’hospitalisation a crû de 18 %, les admissions en soins critiques de 48 %. Seuls les décès ont diminué. A l’inverse, ils ont mieux vécu la quatrième vague, avec une incidence moyenne et des hospitalisations en baisse d’à peu près 70 % par rapport à la deuxième vague, plus une chute de 59 % des admissions en soins critiques et de 56 % des décès.
Enfin, les 18-49 ans étaient encore faiblement protégés pendant la quatrième vague car les portes des centres de vaccination leur ont été ouvertes plus tardivement : 40 % étaient complètement vaccinés le 18 juillet. L’incidence moyenne a tout de même chuté de 35 % par rapport à la deuxième vague alors, que chez les 12-17 ans, les derniers arrivés à la fête (éligibles le 15 juin, 6 % de schémas deux doses le 15 juillet), elle baissait de 25 %. Les entrées à l’hôpital de jeunes adultes ont chuté de 24 % en moyenne durant cette période, contre 11 % chez les adolescents.
Les auteurs de l’étude admettent que de nombreux facteurs peuvent brouiller l’interprétation des statistiques – taux de dépistage, évolutions dans la prise en charge… Mais une chose est sûre : l’amélioration des statistiques ne peut pas être attribuée aux gestes barrières et assimilés, car « depuis mai 2021, l’adoption systématique des mesures de prévention est en diminution ». De même, l’hégémonie du variant delta a joué contre le vaccin – qui l’a heureusement emporté.