Covid : comment le variant Omicron progresse dans les services de réanimation parisiens

A l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, la part des patients infectés par ce variant très contagieux dans les nouvelles entrées en soins critiques était de 19 % la dernière semaine de décembre contre 14 % la précédente. Le risque de maladie sévère est trois fois moins élevé qu'avec le variant Delta, estime le groupe hospitalier.


Une medecin pneumologue regle le respirateur d'un patient. Immersion dans le service de reanimation qui a ete adapte pour des patients positifs au Covid 19 a la clinique du Vert Galant de Tremblay en France. *** Local Caption *** Seine Saint Denis blouse clinique clinique privee coronavirus covid covid 19 epidemie ffp2 hopital infection masque pandemie personnel soignant prise en charge protection rea reanimation sante soignant soigner soin traitement

Fulgurante en ville, avec plus de 300.000 cas positifs détectés par jour, la progression du variant Omicron sera-t-elle aussi impressionnante à l’hôpital ? C’est en moyenne une douzaine de jours après la flambée des contaminations au Covid que les patients à risque affluent aux urgences.

En région parisienne, la cinquième vague est survenue plus vite que dans le reste de la France. D’où l’intérêt des statistiques que vient de publier l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Elles portent sur la dernière semaine de décembre, à cheval sur janvier, et montrent le décollage de la vague hospitalière Omicron.

Trois fois moins de risques d’aller en réanimation

Selon l’AP-HP, près d’un patient sur cinq admis en soins critiques (19 %) était porteur de ce variant, contre 14 % la semaine précédente. A l’inverse, la part de Delta, un variant plus sévère, a diminué. Cette statistique est cependant fragile, car on ne connaît pas le statut précis d’un grand nombre de patients positifs.

En fin de compte, l’AP-HP note « jusqu’à début janvier » « une stabilité de la proportion de patients infectés par Omicron, qui restent très minoritaires en soins critiques ». Autre indice de moindre dangerosité : 8 % des patients hospitalisés au sein du groupe et identifiés comme Omicron ont atterri en réanimation (immédiatement ou après une hospitalisation classique), contre 25 % des patients Delta.

« L’analyse du parcours de ces patients permet d’établir que pour cette population de patients, et pour la période étudiée, la probabilité d’avoir recours aux soins critiques (soit directement, soit après un passage par l’hospitalisation conventionnelle) est trois fois plus élevée chez les patients infectés par le variant Delta que par le variant Omicron », conclut l’AP-HP, rejoignant en cela les observations faites au Royaume-Uni ou en Afrique du Sud .

Reste à savoir pourquoi ces patients Omicron sont en soins critiques. Certains ont été hospitalisés pour une autre pathologie, puis on leur a découvert une infection Covid, rappelle le chef du service de réanimation de l’hôpital Bicêtre, Jean-Louis Teboul. « Même si l’infection est fortuite, elle peut impacter fortement le pronostic », souligne-t-il. Par ailleurs, «il y a bien des cas de pneumonie dus à Omicron chez des patients non-vaccinés», observe le médecin.

La part du lion en hospitalisation conventionnelle

En revanche, en hospitalisation conventionnelle, Omicron se taille la part du lion, avec au moins 54 % des admissions pour Covid. La réalité est probablement supérieure, du fait des variants indéterminés parmi les nouveaux admis de la fin décembre.

Heureusement, 43 % des séjours des patients Omicron durent moins d’une journée, contre 19 % des séjours des patients Delta, ce qui peut expliquer la stabilisation des hospitalisations la dernière semaine de décembre.

De plus en plus de patients avec le Covid devraient être renvoyés chez eux dans les prochaines semaines, qui vont être très dures. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a expliqué lundi devant les sénateurs que l’on pourrait monter jusqu’à 15.000 hospitalisations à domicile pendant cette vague, contre 10.000 auparavant, afin de désengorger l’hôpital. Les malades jeunes et sans comorbidités sont placés sous oxygène, munis d’un saturomètre et connectés via le service à distance Covidom.

Il n’y a plus le choix, il faut soulager l’hôpital, soupire Jean-Louis Teboul : « on a moins de personnel parce qu’ils tombent malades, et il y a des patients partout, tout le monde est nerveux et fatigué », raconte-t-il, prédisant « une deuxième vague de personnels qui vont partir quand la situation s’améliorera, comme au printemps dernier ».


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