Le variant Omicron aurait déjà été à l’origine de 4,5 millions de cas de Covid déclarés depuis son émergence en France. C’est un avis du Conseil scientifique en date de mercredi, publié ce jeudi, qui le dit. Si l’on considère qu’un tiers ou la moitié seulement des contaminations sont détectées via un test, cela signifie que 9 à 14 millions de personnes ont été infectées depuis décembre. Soit à peu près un Français sur cinq.
« Ce niveau d’infections est exceptionnel sur une si courte période dans l’histoire de l’épidémie », constate le conseil présidé par l’immunologue Jean-François Delfraissy, en rappelant que durant la première vague de Covid, 3 millions de personnes avaient été contaminées. Résultat, le bouclier anti-Covid des Français va se renforcer : « Mi-février, une immunité post-infectieuse large (supérieure à 15 millions) va donc se rajouter à l’immunité induite par la troisième dose/rappel (supérieure à 35 millions) », calcule le Conseil.
Mieux cerner le prochain variant
Hélas, cela ne signifie pas qu’il faille baisser la garde. On ne peut « affirmer qu’un niveau suffisant d’immunité collective sera atteint et que celle-ci sera durable pour protéger efficacement contre un nouveau variant », prévient-il aussitôt.
Nul ne sait ce que l’épidémie nous réserve, estime le Conseil, qui compte travailler dans un prochain avis sur les avatars potentiels d’Omicron : le prochain variant pourrait être encore plus transmissible mais moins sévère, ou bien gagner en sévérité, ou en échappement vaccinal. Ce qui appelle des stratégies très différentes, et pas toujours riantes, même si « l’ambiance générale parfaitement compréhensible est de penser qu’ on sera en mars-avril 2022 « au début de la fin » , grâce à l’immunité collective et aux vaccins.
Dans l’immédiat, en tout cas, le Conseil scientifique valide la stratégie actuelle, celle d’un pays ouvert avec des jauges et un passe vaccinal . En effet, 20 % de réduction des contacts devraient parvenir à limiter le pic hospitalier à un niveau élevé mais gérable , alors que « pour les vagues pré-été 2021, il fallait au moins 50 % voire 80 % de réduction des contacts ».
Gérer la vague Omicron jusqu’à la mi-mars
Pour l’organisme, il faut continuer à « gérer la vague Omicron jusqu’à mi-mars 2022 ». La politique de tests intensifs et systématiques doit rester en place pour l’instant, insiste-t-il, puis « en mars/avril 2022, on pourra à nouveau se poser la question d’une utilisation plus marquée des autotests si la situation sanitaire le permet ».
Faut-il lancer la quatrième dose ? La troisième protège encore à 83 % contre les formes graves au bout de trois mois, ce qui est appréciable. « Compte tenu de l’évolution attendue de la cinquième vague liée au variant Omicron, la question du « moment optimal » pour cette quatrième dose se pose également : maintenant ou après mars 2022 ? », se contentent d’interroger les scientifiques, sans répondre.
Une exception, toutefois : ils recommandent l’administration systématique d’une quatrième dose dans un délai de 3 mois après le premier rappel pour toute personne sévèrement immunodéprimée, ainsi que pour toute personne de plus de 12 ans vivant dans leur entourage – suivant en cela un avis à paraître du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.