Invraisemblable il y a encore quelques semaines, l’idée d’une sortie de crise sans avoir recours au confinement semble faire son chemin au sein de l’exécutif. Ces derniers jours, le message se veut en effet plus optimiste, en témoigne la nouvelle sortie de Gabriel Attal, mercredi lors du compte-rendu du Conseil des ministres. « Il existe bien un chemin pour éviter le reconfinement », a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement, faisant valoir que « la situation épidémique a peu évolué depuis deux semaines ».
La veille, Olivier Véran avait de son côté estimé sur Franceinfo qu’il était « possible qu’on ne soit jamais reconfiné ». L’objectif poursuivi est simple : repousser l’échéance en tentant de contenir du mieux possible l’épidémie. « Viendront ensuite des jours meilleurs, printaniers, […] et surtout dans l’intervalle nous vaccinons », a rappelé le ministre de la Santé.
Tout en surveillant la situation sanitaire comme le lait sur le feu, décision semble avoir été prise de maintenir le statu quo le plus longtemps possible. Un pari politique, motivé également par la crainte de conséquences économiques et sociales irréversibles.
Chiffres stables
Jusqu’ici, cette stratégie est confortée par les chiffres, la France se maintenant sur un « plateau » en termes de contaminations comme d’hospitalisations. De lundi à vendredi dernier, 121.932 nouveaux cas ont par exemple été détectés, soit un léger reflux par rapport aux mêmes jours la semaine précédente (126.826).
En parallèle, la campagne de vaccination se poursuit et, malgré un retard à l’allumage, quatre millions de Français devraient avoir reçu leur première dose à la fin du mois. Le gouvernement espère toujours une montée en puissance dans les semaines à venir, notamment grâce à une hausse de la production des laboratoires pharmaceutiques. Dans le même temps, le vaccin d’AstraZeneca pourrait à terme être autorisé pour les personnes de plus de 65 ans, offrant plus de possibilités aux autorités sanitaires françaises.
Pour autant, le choix du gouvernement est loin de faire l’unanimité du côté des scientifiques, dont certains craignent une poussée épidémique due aux nouveaux variants. A la fin du mois de janvier, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy jugeait par exemple un nouveau confinement inévitable. Mais quelques jours plus tard, le Premier ministre Jean Castex s’était contenté d’annoncer quelques mesures restrictives supplémentaires.
Les inquiétudes de la communauté scientifique ne se sont pas estompées. En témoigne la tribune signée dans « Le Monde » par le directeur médical de crise de l’AP-HP, Bruno Riou, appelant à un reconfinement rapide. Pour le gouvernement, le calendrier semble donc serré, et le pari politique risqué. Prochaine prise de parole de l’exécutif demain jeudi, avec la désormais traditionnelle conférence de presse hebdomadaire d’Olivier Véran.