Les autorités s’inquiètent d’ une dégradation de la santé psychologique des Français et les chiffres viennent le confirmer. Selon une étude publiée mercredi par l’Agence du médicament et l’Assurance maladie, la consommation de tranquillisants et de somnifères a augmenté de 5 % à 8 % pendant le deuxième confinement.
Cette augmentation « reflète probablement l’impact psychologique important de l’épidémie de Covid-19 et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques », avancent l’ANSM et la CNAM dans le cinquième volet de leur étude Epi-Phare sur l’évolution de la consommation de médicaments depuis le début de l’épidémie de Covid-19.
« Phénomène de stockage »
Entre le 26 octobre et le 8 novembre, la délivrance dans les pharmacies de médicaments anxiolytiques était supérieure de 5,9 % au niveau attendu, estimé sur la base des ventes des deux années précédentes, constatent les deux organismes. Au cours des deux semaines suivantes, cette hausse a même atteint 7,6 %.
Concernant les médicaments hypnotiques ou sédatifs, l’augmentation était respectivement de 5,1 % et 6,7 % sur ces mêmes périodes. Les antidépresseurs enregistrent une hausse plus modérée (+1,4 % et +3,3 %)
Au cours du premier confinement, anxiolytiques et sédatifs, comme de nombreux autres médicaments, avaient connu un « phénomène de stockage » , suivi d’une « sous-consommation » dans les semaines suivantes. Leur délivrance a ensuite toujours été supérieure au niveau des années précédentes (de +1 % à +14 % selon les semaines), sauf dans la deuxième moitié du mois d’août, montre l’étude.
Chute des diagnostics
Celle-ci confirme par ailleurs la « très forte diminution de la délivrance et de l’utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé comme les vaccins et les produits pour les actes diagnostiques médicaux ». L’« effondrement » observé pendant le premier confinement « ne fait pas l’objet d’un rattrapage à ce jour et le retard ne pourra pas être comblé en 2020 », avertissent la CNAM et l’ANSM.
En particulier, « la chute de la consommation des produits pour les diagnostics médicaux par imagerie, indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves en poussée » fait craindre « des retards conséquents de prise en charge » en cancérologie et dans d’autres spécialités.
Cette surveillance, destinée notamment à détecter d’éventuels dysfonctionnements du recours aux professionnels de santé pour les soins non liés au Covid-19, « sera poursuivie jusqu’au retour à une situation normalisée », assurent les deux organismes.