Il y a une lumière au bout du tunnel. Elle est encore loin et brille faiblement mais l’Insee l’aperçoit. Le mois de décembre devrait logiquement marquer une reprise de l’activité économique à court terme et la perspective d’un vaccin efficace avant l’été fait naître des espoirs à moyen terme, estime l’Institut dans une note publiée ce mercredi.
« L’allègement des restrictions devrait entraîner un rebond assez important de la consommation des ménages en décembre, un peu comme ce qui s’était passé à la mi-mai », prévoit Julien Pouget, le chef du département de la conjoncture à l’Insee. Plus précisément, avec la réouverture des commerces dits « non-essentiels », la consommation des ménages rebondirait en décembre et se situerait 6 % sous son niveau d’avant-crise. Elle était inférieure de 14 % environ en novembre à ce qu’elle était il y a un an.
Tout se passe comme si, au moins pour les dépenses des ménages, le confinement fonctionnait comme un interrupteur. Quand le gouvernement appuie sur le bouton, elles se ferment. Une nouvelle pression sur l’interrupteur et tout repart. Cela ne vaut pas pour les entreprises, car certaines sortiront affaiblies et endettées de ce « stop-and-go ».
Des cicatrices de la crise
« Les cicatrices de ce deuxième confinement sur les entreprises seront très différentes selon les secteurs d’activité », remarque Julien Pouget. Mais « les soutiens publics massifs au tissu productif et aux ménages fonctionnent, comme on l’a vu au printemps dernier, lors du déconfinement. Ils ont permis à l’économie de vite retrouver un niveau d’activité relativement proche de celui d’avant la crise », explique l’expert de l’Insee. Le PIB du troisième trimestre, qui a aussi bénéficié d’effets de rattrapage après le confinement du printemps, n’était en effet inférieur que de 4 % à son niveau de l’année précédente.
Il existe aussi une autre différence importante avec le printemps dernier. « Le contexte international est moins sombre qu’au deuxième trimestre. L’économie chinoise est repartie et les contraintes d’approvisionnement qui pesaient sur l’offre au printemps dernier sont moindres cet automne », souligne Julien Pouget.
Une amélioration espérée du moral des Français
Sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB français devrait moins chuter que ce que prévoit le gouvernement. L’activité devrait tout de même reculer d’environ 9 % par rapport à 2019, selon l’Insee. Au quatrième trimestre, la richesse produite resterait inférieure de 8 % environ à celle des trois derniers mois de l’année précédente. Une grande partie du rebond de l’an prochain se jouera sur le retour de la confiance des ménages et des entreprises.
Pour l’instant, celle-ci n’est pas au rendez-vous. Les chefs d’entreprise sont déprimés , tout comme les Français. En novembre, le moral des ménages se situait à un niveau similaire à celui de décembre 2018, au coeur de la crise des « gilets jaunes ». Et comme les mesures de restrictions sont en partie prolongées jusqu’en janvier, pour les bars et les restaurants, il pourrait rester faible encore quelques mois.
Pour les économistes d’Euler Hermes, le moral devrait toutefois petit à petit revenir au printemps 2021, avec le lancement de la campagne de vaccination à grande échelle et le maintien d’un soutien budgétaire public. Selon eux, « un retour de la confiance des ménages français à son niveau d’avant-crise d’ici la fin de l’année prochaine générerait une croissance additionnelle de la consommation des ménages de 10 milliards d’euros en 2021, soit un tiers de la croissance totale de la consommation des Français l’an prochain ».
Et 20 milliards d’euros d’excès d’épargne pourraient être dépensés, ce qui générerait 1 point de croissance en plus sur l’année. Avec tout de même une crainte : toute hausse du chômage et toute multiplication des plans sociaux dans le pays se traduira mécaniquement par un retour de craintes et donc d’épargne de précaution. Le soutien public aux entreprises en difficulté va donc devoir durer encore quelques trimestres pour éviter qu’une mécanique dépressive mortifère ne se mette en place.