Covid : le déficit commercial de la France s’est dangereusement creusé en 2020

Le trou du commerce extérieur s'est aggravé d'environ 8 milliards d'euros en 2020, à 65,2 milliards d'euros. La pandémie a amputé les exportations françaises de 82 milliards, l'aéronautique payant le prix fort.


Airbus technicians work on the assembly line of the Airbus Beluga XL large transport aircraft on March 20, 2018 in Blagnac, near Toulouse, southwestern France. - The Airbus Beluga XL, based on the A330-200 airliner, will succeed the Airbus Beluga to move oversized aircraft components. (Photo by Pascal PAVANI / AFP)

Le déficit commercial de la France en 2020 est resté sous son précédent record de 2011 malgré la pandémie. Le chiffre annoncé par les Douanes ce vendredi est tout de même impressionnant. Sur l’année écoulée, il a en effet atteint 65,2 milliards, soit 8 milliards d’euros de plus qu’en 2019 . Le Covid-19 a creusé encore un peu plus le trou, le plus profond depuis 2012. Les importations de matériels destinés à lutter contre la pandémie ont certes alourdi le déficit mais ne sont pas la seule cause de la détérioration de l’an passé. 

« Le chiffre du déficit commercial cache en fait deux mouvements massifs qui se compensent presque », explique Emmanuel Jessua, directeur des études chez Rexecode. « Du fait des moindres déplacements mais aussi de la chute d’activité, la facture énergétique s’est allégée de l’ordre de 17 milliards d’euros sur les onze premiers mois de 2020. En revanche, les exportations aéronautiques et automobiles se sont effondrées et transforment un excédent sectoriel des matériels de transport d’environ 14 milliards d’euros en un déficit de près de 2 milliards d’euros sur la même période », détaille l’économiste. La facture énergétique a certes été divisée par deux l’an passé. Mais globalement, sur l’année, la France a perdu 82 milliards d’euros d’exportations, dont 35 milliards pour les seuls matériels de transport !

Nouvelles pertes de parts de marché

« Ces chiffres sont mauvais », a reconnu ce vendredi Franck Riester, le ministre du commerce extérieur et de l’attractivité. Mais il préfère mettre en avant « la dynamique depuis avril 2020 ». Il est vrai qu’au printemps dernier, les exportations de l’Hexagone avaient touché un plus bas et qu’elles remontent depuis. En décembre, elles représentaient 93 % de leur niveau moyen de 2019. 

Pourtant, sur 2020, la part de marché de la France dans la zone euro s’est dégradée. Les exportations françaises ont reculé de 16 % l’an passé alors que celles des pays de la zone euro ont chuté de 11% seulement. Une partie de l’explication provient e l’importance de l’aéronautique. Mais pas seulement, semble-t-il. Sur les trois premiers trimestres de la zone euro, « dans les exportations de biens de la zone euro, les exportations françaises ne représentent plus que 12,8 % et sont revenues quasiment à leur plus bas, pointe Emmanuel Jessua. La part de marché de l’Hexagone a reculé de 1,1 point au cours des neuf premiers mois de 2020 alors que celles de l’Allemagne, l’Italie ou encore l’Espagne sont restées quasi stables. Il y a donc là une particularité française. »

« S’il est encore trop tôt pour juger définitivement, ce phénomène est préoccupant car ce recul des parts de marché concerne tous les types de produits. Et ce mouvement intervient après trois années de stabilisation voire de léger redressement qui s’explique par l’effort fait sur le coût du travail », prévient Emmanuel Jessua. Le déficit commercial des produits manufacturés s’est établi à 54 milliards d’euros, soit deux fois plus qu’en 2019. Il ne faudrait pas que cette crise fasse descendre encore une marche d’escalier à l’industrie française . D’autant que l’excédent sur les services se réduit vite. Il est passé de 21 milliards d’euros en 2019 à 8 milliards d’euros en 2020 en raison de l’effondrement des recettes touristiques. Celles-ci ont chuté de 40 % l’an passé, soit environ 25 milliards d’euros en moins. 

Vers un rebond cette année

Toutefois, il y a peut-être une lueur au bout du tunnel. D’abord, le nombre d’entreprises exportatrices est quasiment stable par rapport à 2019. Plus de 128. 000 entreprises françaises ont vendu leurs produits à l’étranger. Ensuite, « la demande adressée à la France dans certains secteurs tels que la pharmacie, l’agroalimentaire ou la chimie, donne des signes de dynamisme cette année », souligne Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes. Pour les économistes de l’assureur-crédit, l’année 2021 sera celle du rebond des exportations françaises. La demande adressée à la France devrait croître de 59 milliards d’euros en 2021 par rapport à 2020, ce qui permettrait de compenser environ 45 % du manque à gagner subi en 2020 à cause de la crise pandémique.


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