Les nouvelles mesures sanitaires vont porter un nouveau coup à l’économie française. Le reconfinement de l’ensemble du pays entré en vigueur samedi a contraint le gouvernement à revoir à la baisse sa prévision de croissance de 6 % pour l’année 2021. Il table désormais sur 5 %, a annoncé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire dans les colonnes du « Journal du dimanche ». « Cette estimation est à la fois sincère et prudente », a-t-il ajouté.
Après une contraction exceptionnelle du PIB de 8,2 % l’an dernier, l’exécutif tablait depuis novembre sur un rebond de 6 % cette année. Une prévision qui avait déjà été revue à la baisse, de 8 % à 6 %, avec le deuxième confinement.
Tout au long du mois de mars, malgré les tours de vis dans plusieurs régions françaises, le gouvernement avait maintenu son objectif . Mais les nouvelles restrictions annoncées cette semaine, dont la fermeture des établissements scolaires et celle des commerces « non essentiels » dans l’ensemble du pays, « auront un impact sur l’économie française », a admis Bruno Le Maire ce dimanche.
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a, de son côté, déclaré jeudi maintenir sa prévision de 5,5 % de croissance pour 2021 si les restrictions ne durent pas au-delà de début mai.
Soutien maintenu dans l’aéronautique
Conséquence de cette nouvelle révision à la baisse de la croissance, une dégradation du déficit des comptes publics est aussi attendue. Le déficit devrait atteindre 9 % du PIB cette année, et non 8,5 % comme prévu depuis décembre , a annoncé Bruno Le Maire ce dimanche, cette fois sur RTL/LCI. La dette publique passera de 115 à 118 % cette année, a-t-il précisé.
Mais le ministre s’est voulu rassurant sur le maintien des aides publiques, dont le montant atteint 11 milliards d’euros en avril. Cette politique de soutien sera poursuivie « tant que la crise sanitaire durera », a-t-il souligné dans le « JDD ». Et lorsqu’elle s’achèvera, « nous ferons les choses progressivement, pour ne brutaliser personne », a-t-il promis. Le soutien sera même « maintenu » dans les secteurs « qui resteront durablement touchés », a ajouté le ministre, citant l’aéronautique.
Avant d’engager un éventuel nouveau plan de relance, Bruno Le Maire a expliqué vouloir « continuer à décaisser rapidement les 100 milliards d’euros » du programme annoncé en septembre , dont il veut dépenser la moitié d’ici la fin 2021. Le ministre de l’Economie en a profité pour fustiger à nouveau la lenteur de certains pays pour ratifier le fonds de relance européen de 750 milliards d’euros. « La France devait recevoir 5 milliards en juillet. Il est hélas peu probable que nous recevions cette somme à cette date », a-t-il regretté.