« Vaccination » et « passe sanitaire » : jusqu’ici, la ligne défendue par Emmanuel Macron pour sortir de la pandémie a tenu dans ces deux mots. Une note du Conseil d’analyse économique (CAE), publiée ce mardi confirme le bien-fondé de la stratégie suivie par l’exécutif pour contrer le Covid-19 .
Dans cette étude, l’organisme rattaché à Matignon a cherché à évaluer les effets du passe sanitaire en France, en Allemagne et en Italie. Trois pays où il a été introduit entre juillet et août 2021 pour contrer le variant Delta avec des caractéristiques proches, en particulier celle d’être le sésame pour entrer dans les lieux publics comme les restaurants, les bars ou les musées. Pour réaliser leur étude, les auteurs ont fait tourner leur modèle pour répondre à une question simple : que se serait-il passé sans cet outil ?
Un taux de vaccination de 78,2 %
Leurs conclusions sont sans appel : partout, le passe sanitaire a fait progresser la vaccination, ce qui a permis d’éviter des décès et a eu un impact positif sur le plan économique. Et c’est la France qui a tiré les plus grands bénéfices, la vaccination y ayant été adoptée plus rapidement et plus massivement.
Entre le 12 juillet 2021, date à laquelle Emmanuel Macron a annoncé sa création et la fin décembre, le passe sanitaire a fait bondir le taux de vaccination de la population. Celui-ci a atteint 78,2 % à la fin de l’an dernier, alors qu’il aurait augmenté beaucoup moins vite sans le passe et plafonné à 65 %, soit 13 points de moins, évaluent les auteurs.
Selon l’étude, grâce aux vaccinations supplémentaires motivées par cet outil, environ 4.000 vies ont été sauvées dans l’Hexagone. « C’est une personne par heure ou 24 par jour dont la vie a été épargnée », pointe Miquel Oliu-Barton, l’un des auteurs de la note avec Bary Pradelski et Nicolas Woloszko. En d’autres termes, sans le passe, la France aurait déploré 32 % de morts du Covid-19 en plus des 12.000 enregistrés sur la période.
L’effet du passe sanitaire a été moins marqué dans les pays voisins : le gain direct sur le taux de vaccination est estimé à 9,7 points en Italie et 6,2 points en Allemagne. Là aussi, des décès en nombre ont toutefois été évités : 1.300 en Italie, 1.100 outre-Rhin selon les chiffres issus de la modélisation.
Selon Miquel Oliu-Barton, l’écart entre la France et les autres pays étudiés tient à trois raisons : « D’abord, la communication et la mise en place ont été claires et centralisées, à la différence de l’Allemagne où le passe sanitaire a été instauré par les länder. La France était aussi le pays qui comptait le plus de personnes hésitant à franchir le pas de la vaccination. De ce fait, elle était un peu en retard, en particulier dans la vaccination des plus de 60 ans qui concentrent 95 % des décès », explique-t-il.
Pertes de PIB réduites de 6 milliards
La note met aussi en évidence les effets positifs du passe sanitaire sur les économies des pays étudiés. « A la fin 2021, sans cette mesure, le PIB hebdomadaire aurait été 0,6 point plus bas en France », est-il écrit. « L’effet cumulé du passe sur le second semestre de 2021 peut être estimé à environ 6 milliards d’euros d’ activité économique en plus. Et encore, cette hypothèse est conservatrice. Elle ne tient pas compte du fait qu’il aurait peut-être fallu mettre en place un confinement », souligne Miquel Oliu-Barton.
Sans le passe, le nombre de patients en soins intensifs aurait été supérieur de 45 % à la fin de l’année passée et les admissions à l’hôpital plus élevées de 31 %, selon les chiffrages de l’étude. En évitant la saturation des hôpitaux, la vaccination de masse a donc évité ce scénario catastrophe.
L’impact aurait été plus faible en Allemagne et en Italie : les gains d’activité liés au recours du passe sanitaire sur la deuxième partie de 2021 sont évalués respectivement à 1,4 milliard d’euros et 2,1 milliards.