Mi-effrayant, mi-rassurant. L’Institut Pasteur vient de mettre à jour ses projections de juin sur l’épidémie de Covid et l’impact de la vaccination. La bonne nouvelle est que le vaccin parvient, dans une certaine mesure, à dompter l’épidémie. Selon une prépublication (signée entre autres par les chercheurs Paolo Bosetti, Cécile Tran Kiem, Alessio Andronico, et Vittoria Colizza), le rebond de la vaccination devrait permettre d’éviter un confinement cet automne en France, si d’aventure les infections repartaient à la hausse.
De la mi-juillet à la mi-août, en perspective du passe sanitaire et de l’obligation vaccinale des soignants, les Français se sont rués sur les centres de vaccination , défiant tous les pronostics. Les chercheurs tablent désormais sur un taux de vaccination de 70 % des adolescents (contre 30 % dans la projection de juin, et déjà 60 % réalisés à ce jour), de 80 % des adultes de moins de 60 ans (contre 70 % en juin), et de 90 % au-delà (inchangé).
Réduire les taux de transmission
Ce n’est pas assez pour parvenir à l’immunité collective, surtout dans le contexte du variant Delta, plus transmissible. Avec lui, chaque personne infectée en contaminerait cinq autres, contre trois avec le virus de Wuhan – dans une population vierge face au Covid.
Il faudra donc éviter de relâcher toutes les mesures de protection contre le virus à l’automne, sinon le risque est d’avoir 5.200 hospitalisations par jour, plus que pendant les deux premières vagues en 2020. Mais la couverture vaccinale permet d’envisager la fin des confinements puisque, au lieu de devoir réduire les taux de transmission de 70 à 80 % comme l’année dernière, il suffira de les réduire de 20 à 30 %.
« Ces réductions pourraient potentiellement être obtenues en appliquant les gestes barrières, le port du masque, un certain degré de distanciation physique, le ‘tester-tracer-isoler’ et le passe sanitaire », écrit l’Institut Pasteur.
Les vaccinés pèseraient 28 % des hospitalisations Covid
Par ailleurs, et c’est la partie moins rose du scénario, les chercheurs s’attendent à ce qu’à peu près la moitié des infections surviennent chez des personnes vaccinées. C’est à la fois la rançon du succès du vaccin (les cibles « faciles » des non-vaccinés se raréfient) et la conséquence d’un variant Delta plus agressif.
Alors qu’en juin, les chercheurs faisaient l’hypothèse que le vaccin réduisait le risque d’être infecté de 80 %, ils ont révisé ce pourcentage à 60 % étant donné l’hégémonie de Delta. Par conséquent, au lieu de peser 34 % des nouveaux infectés cet automne, les vaccinés devraient représenter 54 % du total, ont-ils calculé.
Etre vacciné réduit de 95 % le risque d’hospitalisation et abaisse de 50 % le risque de transmettre le virus si l’on est infecté.
Il faut également s’attendre à ce que les vaccinés, devenus la très grande majorité de la population, soient plus représentés à l’hôpital : 28 % des hospitalisations Covid, dans le scénario central.
Le risque des non-vaccinés de plus de 60 ans
Néanmoins, être vacciné réduit de 95 % le risque d’hospitalisation et abaisse de 50 % le risque de transmettre le virus si l’on est infecté. Du coup, les personnes non-vaccinées « contribuent de façon disproportionnée à la transmission », écrit l’Institut Pasteur.
C’est le cas des enfants de moins de 12 ans, a priori moins susceptibles d’infection et moins contagieux, mais qui n’ont pas accès au vaccin. Les adolescents, eux, sont éligibles, et répondent mieux que prévu à l’appel vaccinal. Résultat : la part des mineurs dans les nouvelles infections ne serait plus que d’un tiers (en juin, on projetait la moitié), ce qui n’est pas si éloigné de leur poids dans la population totale (22 %).
Ce sont également les personnes non vaccinées qui remplissent les hôpitaux : « Dans notre scénario de référence, les personnes non vaccinées de plus de 60 ans représentent 3 % de la population mais 43 % des hospitalisations », écrit l’Institut Pasteur. Il y a encore de belles marges de progression dans la lutte contre l’épidémie.