Les doses de vaccin AstraZeneca vont-elles périmer dans les frigos, faute de trouver preneur ? Le gouvernement s’efforce de rester optimiste, mais est conscient du « déficit d’image » dont souffre ce vaccin anti-Covid, qui a provoqué des réactions grippales parfois fortes chez les patients.
Alors que les vaccins Pfizer et Moderna sont déployés au rythme prévu, avec 79 % des personnes âgées en Ehpad et maisons de retraite ayant reçu une première injection, le ministère de la Santé a fait le point mardi sur le lancement de la campagne de vaccination avec AstraZeneca.
Pour rappel, depuis une semaine, ce vaccin peut être proposé aux personnes de 50 à 64 ans atteintes de comorbidités dans les hôpitaux. La deuxième étape, qui s’ouvre cette semaine, est la vaccination de cette même catégorie de population hors des hôpitaux. Il a été demandé aux médecins libéraux de repérer ce type de profil, souffrant de maladies chroniques (diabète, obésité, hypertension, insuffisance respiratoire…).
Un objectif « ambitieux »
Environ 29.000 médecins se sont déclarés volontaires, pour un peu plus de 11.000 officines. « Chaque médecin reçoit un flacon, soit 10 doses, et chaque officine ayant déclaré au moins un médecin reçoit deux flacons supplémentaires », a détaillé le gouvernement, ce qui permet aux médecins « qui se sentent en capacité de vacciner plus d’un flacon d’aller en chercher un supplémentaire ».
La première livraison de 547.000 doses a été reçue, la seconde, de 820.000 doses, doit arriver la semaine prochaine. L’objectif, « ambitieux », comme le note le ministère, est de vacciner l’ensemble de cette catégorie de la population, soit environ deux millions de personnes, « dans la première quinzaine de mars ».
A la suite de quoi, l a vaccination pourra être ouverte aux personnes de cette même classe d’âge ne présentant pas de comorbidités . Mais la mauvaise réputation du vaccin pourrait bousculer le calendrier prévu. « Il faut que l’on se lance dans une politique de réhabilitation de vaccin », a admis le ministère de la Santé, en rappelant que les effets secondaires constatés sont « minoritaires et bénins ». L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a notamment mis à disposition des fiches d’explication à destination des patients et des professionnels de santé, qui ont également accès à la vaccination AstraZeneca.
Par ailleurs, l’exécutif souligne les premiers résultats encourageants établis par des chercheurs écossais, prouvant l’efficacité de ce vaccin sur la chute des hospitalisations au Royaume-Uni, y compris pour les populations âgées. Si cela se confirmait, et si la Haute Autorité donnait son aval, le vaccin AstraZeneca pourrait alors être proposé aux plus de 65 ans.
Objectif : zéro dose perdue
Aucune dose de vaccin ne doit être perdue. Si, à partir des 10 doses contenues dans le flacon, un médecin ne trouve pas 10 volontaires « avec comorbidités » pour se faire vacciner, il pourra vacciner des patients « sans comorbidité ». Car le vaccin de la firme se périme en 6 heures après ouverture du flacon, 48 heures s’il reste au frigo.
« Bannir les messages anxiogènes sur le vaccin » fait d’ailleurs partie des recommandations du Cese (Conseil économique social et environnemental), qui a livré ce mardi son premier point d’étape, après avoir été saisi le 9 décembre par le Premier ministre sur l’accompagnement de la stratégie vaccinale. Des « messages clairs sur les bénéfices du vaccin » doivent être diffusés en s’appuyant sur les « professionnels de proximité à qui les Français font majoritairement confiance », a suggéré la commission, qui s’appuie sur le collectif de 35 citoyens tirés au sort et une plateforme en ligne de consultation citoyenne.
Car pour vacciner l’ensemble de la population française adulte – soit 52 millions de personnes – d’ici le mois d’août, il faudrait vacciner 500.000 personnes par jour, a noté le Cese. Or aujourd’hui, on vaccine environ 130.000 personnes par semaine en France.