C’est franc et massif. Durant la semaine du 9 au 15 novembre, deuxième semaine du confinement , les nouveaux cas détectés de Covid ont reculé de 40 %, à un peu plus de 26.000 par jour. Santé publique France le signale dans son bulletin épidémique hebdomadaire publié ce vendredi matin.
Nous sommes revenus un mois en arrière , lorsque la circulation du virus venait de s’emballer, et avant la mise en oeuvre d’un premier couvre-feu sélectif dans plusieurs métropoles. C’est très rassurant : l’épidémie désenfle vite. Et c’est très préoccupant : rouvrir le pays maintenant conduirait très probablement à une nouvelle flambée de cas. Le taux de positivité des tests s’élève encore à l’heure actuelle à 16 % ; c’est beaucoup.
Tous les indicateurs de Santé publique France sont désormais en baisse. Il ne s’agit plus d’un ralentissement de la hausse, mais d’une véritable décrue. La moins rapide (-2 %) est celle des décès, qui reflètent majoritairement les contaminations d’il y a au moins 2 ou 3 semaines. La semaine dernière, il y a eu plus de 500 décès par jour en moyenne. Ce jeudi, plus de 47.000 malades du Covid sont déjà morts depuis mars à l’hôpital ou en Ehpad. Il faut s’attendre à plusieurs milliers de morts supplémentaires, sans compter les décès à domicile.
Un pic d’hospitalisations lundi
Durant la semaine, le nombre de nouvelles hospitalisations a également décru de 17 %, au rythme de près de 2.500 par jour. Cela n’a pas suffi dans l’immédiat à empêcher l’augmentation nette du nombre de lits occupés par des patients Covid. Mais à force de baisser, les nouvelles entrées ont fini par être inférieures aux sorties d’hospitalisation : le pic a probablement été passé lundi 16 novembre, avec 33.466 personnes hospitalisées. Il était plus élevé que celui atteint lors de la première vague au printemps. (32.131 cas le 14 avril).
« Une série d’éléments suggèrent qu’on est au pic, ou pas loin en tout cas, dans certaines régions. Néanmoins, c’est encore un peu tôt pour pouvoir totalement l’affirmer », a déclaré le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy dans une interview au « Monde ». « Cette seconde vague est arrivée plus lentement que la première, mais elle semble s’inscrire dans la durée », a-t-il également noté. Pour le professeur de médecine, le nombre de contaminations quotidiennes ne retombera à 5.000 que « après Noël, voire début janvier », or c’est le seuil requis pour déconfiner la France, fixé par Emmanuel Macron.
« Je vois la sortie de tunnel »
Les admissions en réanimation diminuent seulement de 9 %, en raison du délai moyen de deux semaines entre la contamination et l’aggravation de l’état de santé. Jeudi, 4.637 malades du Covid étaient en réanimation, mais comme l’a précisé le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors de son point presse dans la soirée, en comptant les autres patients, il y a encore plus de 8.000 lits de réanimation occupés.
« La charge va se réduire jour après jour. Il ne faut certainement pas relâcher notre effort », a-t-il déclaré, pour faire patienter les Français avant les annonces présidentielles de la semaine prochaine sur l’éventuel déconfinement progressif . « Il faut tenir bon », dit quant à lui Jean-François Delfraissy, qui se réjouit de l ‘arrivée prochaine des vaccins anti-Covid : « Même si le vaccin ne réglera pas tout, et que l’année 2021 ne sera pas une année comme les autres, je vois la sortie de tunnel ».
Le rôle des tests antigéniques
Alors que Santé publique France comptabilise depuis lundi les tests antigéniques positifs parmi les nouveaux cas, Jean-François Delfraissy est enthousiaste : « Nous sommes en faveur d’une utilisation très large de ces tests, qui changent la vision que l’on peut avoir de l’épidémie », a-t-il encore déclaré au « Monde ». « Ce virus reste une menace très théorique pour la population, et là, en vingt minutes, on sait si on est infecté. J’en ai fait un moi-même : avoir le résultat aussi rapidement change complètement la perception », a-t-il expliqué.
Le scientifique est cependant prudent quant à l’idée « séduisante » de tester massivement la population à l’aide de ces tests. D’abord, ils ne détectent pas très bien le virus chez les asymptomatiques. Ensuite, la Slovaquie qui avait affiché une grande ambition n’a pas réussi à dépister tous ses habitants en quinze jours. « Cette stratégie est donc difficile à mettre en oeuvre sur le plan national et la proposition du Conseil scientifique est plutôt de mener une expérience sur une ou deux grandes villes françaises, pour voir ce qu’on peut en attendre », explique Jean-François Delfraissy. Jeudi, sur 27.600 nouveaux cas recensés, 2.800 avaient été détectés via un test antigénique