Au début du mois de février, les économistes de l’Insee avaient estimé que les effets de la vague Omicron seraient « circonscrits dans le temps ». Les chefs d’entreprise sont eux aussi résolument de cet avis. A 112, en hausse de 5 points, l’indicateur du climat des affaires en février mesuré par l’institut statistiques témoigne d’un optimisme généralisé, selon les chiffres dévoilés mercredi.
Les patrons ont répondu à l’enquête entre le 27 janvier et le 18 févier 2022, avant donc l’escalade entre la Russie et l’Ukraine . « Les conséquences de cette crise en Ukraine seront contenues », a assuré lundi, lors d’une audition devant la commission des Finances du Sénat, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Vague de confiance
En attendant, la vague de confiance englobe tous les secteurs. Même les services dont l’horizon s’éclaircit avec l’ allègement programmé des restrictions sanitaires . Le climat des affaires s’y améliore de 6 points (112), tiré par le sursaut spectaculaire de l’hébergement -restauration où l’indicateur gagne 22 points ! Mais le moral dans le transport de marchandises, bon baromètre de l’activité, est lui aussi en hausse. « La bonne surprise, c’est que le redémarrage dans ces deux secteurs est rapide. On s’attendait à ce qu’il soit davantage étalé dans le temps », observe Stéphane Colliac de BNP Paribas.
De même, dans le bâtiment, la confiance se renforce (114, +1). Dans l’industrie, l’optimisme est également de mise (112) même si l’indice se replie d’un point au vu de « la production passée et des carnets de commandes étrangers », selon l’Insee. « Les soldes d’opinion sur les perspectives générales d’activité du secteur, ainsi que sur l’activité et la demande prévues « rebondissent nettement », relève-t-il.
Ces indicateurs de confiance confortent l’enquête mensuelle de l’Institut IHS Markit publiée il y a quelques jours, qui, elle aussi, a révélé une progression de près de 5 points de l’indice PMI composite dans l’Hexagone, à 57,4 points .
Incertitudes économiques
La remontée des cours du pétrole provoquée par les tensions internationales, la persistance de pénuries et de goulots d’étranglement sur les chaînes de production incitent toutefois à la prudence. Dans l’industrie, « les chefs d’entreprise déclarent ressentir un peu plus d’incertitude économique à propos de l’avenir de leur entreprise que le mois dernier », indique l’Insee.
Surtout, ils sont de plus en plus nombreux à exprimer leur intention de répercuter la hausse des coûts dans leurs prix de vente. « Cette tendance est visible dans l’industrie et dans le commerce de détail. Cela signifie que les hausses de prix ne seront plus limitées à l’énergie et que l’inflation va accélérer », observe Stéphane Colliac. Début février, l’Insee a d’ailleurs relevé ses prévisions d’inflation au premier semestre, indiquant qu’elle se maintiendrait entre 3 % et 3,5 % sur un an à horizon de la fin juin.
Fondamentaux solides
La détérioration de la situation en Ukraine risque encore d’accentuer le phénomène en propulsant à la hausse les prix de l’énergie . « Tout cela risque de peser sur la consommation des ménages au premier trimestre. Mais il y aura un rattrapage au deuxième trimestre », estime l’expert de BNP Paribas qui à ce stade, table sur une croissance de l’économie française de 4, 2 % en 2022 supérieure à la prévision gouvernementale (4 %).
Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo BHF, considère lui aussi qu’« il n’y a pas matière à revoir le scénario macroéconomique en France». «La fébrilité des marchés de l’énergie représente certes un élément de risque. Mais le climat des affaires montre que les fondamentaux de l’économie sont solides », souligne-t-il.
Les économistes de ING sont un peu plus pessimistes. « Le conflit aura probablement un effet négatif sur le moral des entreprises et va donc peser sur le climat des affaires dès le mois de mars », écrivent-ils dans leur note publiée ce mercredi. Dès lors, « les perspectives de croissance risquent de devoir être revues à la baisse ».