Invariablement, depuis 2020, l’enveloppe budgétaire de la lutte contre l’épidémie de Covid devient trop petite au fil des mois et doit être révisée à la hausse . Les ministres de tutelle de la Sécurité sociale, Olivier Véran à la Santé et Olivier Dussopt aux Comptes publics, ont confirmé mercredi devant les députés que le dispositif voté pour 2021 et pour 2022 à l’automne dernier, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, ne suffirait pas.
Ainsi, la montée en charge du dépistage face à la cinquième vague et surtout à l’arrivée d’Omicron en décembre a provoqué un surcoût de 600 millions d’euros sur le budget « tests Covid » de 2021 , qui a atteint 6,9 milliards. L’année précédente, les tests avaient coûté 2,6 milliards. Pour 2022, la provision s’élève à 1,6 milliard… soit la facture finale attendue par le gouvernement pour le seul mois de janvier !
La fin de la gratuité des tests le 15 octobre n’a pas fondamentalement amélioré l’équation économique pour l’Assurance-maladie, puisque les personnes vaccinées et les enfants sont exemptés.
Huit milliards de recettes supplémentaires
Du côté des vaccins, le coût de l’achat de doses a été conforme à ce qui avait été voté (4,3 milliards) pour l’an dernier, mais c’est l’organisation de la campagne vaccinale et la rémunération des effecteurs qui ont fait déraper l’addition de 500 millions d’euros (2 milliards).
En fin de compte, tests et vaccins auront coûté 13,2 milliards d’euros en 2021, soit 1,1 milliard de plus que prévu. A ces dépenses, il faut ajouter le coût des mesures de compensation aux hôpitaux hors « Ségur de la santé » (2,6 milliards), au titre des actes déprogrammés, ou du soutien aux professionnels de santé libéraux ayant perdu une partie de leur activité (1,5 milliard).
Olivier Dussopt a reconnu que la provision pour le Covid de 4,9 milliards d’euros pour 2022 « devra être abondée », mais il a également détaillé les bonnes nouvelles. L’année dernière, l’activité a été plus dynamique que prévu, ce qui a permis de faire rentrer 6 milliards supplémentaires de cotisations ou de reprises sur provisions – dans le cadre des plans d’apurement de cotisations impayées -, plus 2 milliards de recettes fiscales allouées à la Sécurité sociale.
Le déficit 2021 de la Sécurité sociale a ainsi été ramené de 33,5 milliards attendus à 25,5 milliards (après un déficit de près de 40 milliards en 2020). Pour 2022, Olivier Dussopt n’a pas souhaité s’avancer, mais il a expliqué que le bond de la masse salariale en 2021 serait « bon pour les années suivantes ».
300 milliards de déficits cumulés
Les deux ministres ont fait assaut de sérieux budgétaire. Olivier Véran a reconnu qu’il faudrait au moins aussi longtemps (dix ans) qu’après la crise de 2008 pour résorber les déficits, mais a déclaré que « la Sécu paiera ses dettes ».
Selon lui, les déficits cumulés sur la décennie 2020-2030 vont dépasser 300 milliards d’euros. Les transferts de 136 milliards d’euros de déficits à la Caisse d’amortissement de la dette sociale votés en 2020 « ne suffiront donc pas à régler le sujet ». Autrement dit, au cours du prochain quinquennat, il faudra à nouveau délester la Sécurité sociale de ces passifs.
Olivier Dussopt, quant à lui, a fermé la porte à deux pistes évoquées par le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale dans son rapport visant à définir une stratégie de redressement des comptes sociaux. Non, on ne réaffectera pas une partie des ressources de la Cades à l’équilibre des comptes courants. Non, augmenter les prélèvements obligatoires « n’est pas un service à rendre » au pays si l’on veut redresser la Sécurité sociale.