Le brouillard commence à se dissiper un peu autour d’Omicron. Il y a désormais de fortes chances pour qu’il soit deux fois moins sévère que la souche d’origine du Covid-19. Dans ses nouvelles projections épidémiologiques remises au gouvernement lundi, et publiées mercredi, l’Institut Pasteur a donc resserré l’éventail des probables . Les nouveaux scénarios sont certes toujours très tendus pour l’hôpital, mais le risque de catastrophe s’atténue.
« Dans tous les scénarios, le pic des admissions à l’hôpital est attendu dans la deuxième moitié de janvier, avec un impact maximal sur l’occupation des lits fin janvier – courant février. Le pic des infections est attendu mi-janvier », écrivent ses modélisateurs .
L’Institut Pasteur désigne à présent un scénario favori pour la vague Omicron, avec une sévérité basse et une transmissibilité haute. Des hypothèses qui dessinent des perspectives un peu moins pessimistes que dans les deux autres scénarios, où Omicron était aussi sévère que le virus historique.
Jusqu’à 23.000 lits d’hospitalisation conventionnelle occupés
En supposant que les Français réduisent leurs contacts de 10 % ou de 20 %, ce qui devrait a priori être le cas grâce au télétravail, aux jauges et au port du masque, les entrées quotidiennes à l’hôpital plafonneraient à 3.600 ou à 2.500 (au lieu de 5.200 si rien n’avait été entrepris pour diminuer les contacts).
Au pic des occupations de lit à l’hôpital, on aurait besoin de 23.000 ou 17.000 lits d’hospitalisation conventionnelle, et de 4.700 ou 3.900 lits en soins critiques , projette l’Institut Pasteur (contre 32.000 lits conventionnels et 6.000 lits en soins critiques sans réduction des contacts). La réalité a déjà en partie dépassé la théorie : actuellement, les patients Covid-19 occupent 19.000 lits conventionnels et plus de 4.000 lits de soins critiques. Il y a en moyenne près de 2.200 hospitalisations brutes liées au Covid-19 chaque jour.
Ces scénarios accroîtraient la déstabilisation actuelle de l’hôpital, mais sans rompre la continuité des prises en charge liées au Covid-19. On a connu en novembre 2020 une vague avec plus de 33.000 lits occupés, et en avril 2020, il y a eu plus de 7.000 patients simultanément en soins critiques.
L’hypothèse d’une moindre efficacité des vaccins
Cependant, ces hypothèses ne sont valables qu’avec une bonne efficacité vaccinale contre Omicron : une protection contre l’infection atteignant 55 % chez les vaccinés avec deux doses depuis moins de six mois et de 85 % pour ceux qui ont reçu trois doses. Or des données britanniques récentes remettent en question cette efficacité. L’Institut Pasteur a donc refait ses calculs avec une protection réduite à respectivement 40 % et 60 %.
Résultat, même en réduisant les contacts de 10 % à 20 % début janvier, le pic des admissions quotidiennes à l’hôpital s’envolerait quelque part entre 5.200 et 3.500. Il serait donc supérieur ou égal à ce que l’on a connu durant la première vague. Difficile à imaginer pour les soignants hospitaliers, épuisés et nombreux à être contaminés eux-mêmes par Omicron.
Avec cette moindre efficacité vaccinale, il faudrait ouvrir entre 32.000 et 22.000 lits d’hospitalisations conventionnelles pour accueillir les malades du Covid-19. En soins critiques, il en faudrait 6.000 à 4.400. L’hôpital serait à l’extrême limite.
Réduire les durées moyennes de séjour
Une autre variable importante est la durée moyenne du séjour des patients infectés par Omicron. Dans le scénario de base, l’Institut Pasteur considère qu’un patient reste 6 jours en hospitalisation conventionnelle, contre 12 jours pour un patient Delta (en soins critiques, il n’y a pas de différence entre les variants).
Quid si l’on parvenait à diminuer la durée du séjour à 4 jours ? En reprenant le scénario favori, avec une hypothèse de bonne efficacité vaccinale et de diminution des contacts de 10 %, on économiserait 5.000 lits, à 18.000. Et si la durée moyenne tombait à 3 jours, le nombre de lits nécessaires au pic chuterait de 8.000, à 15.000 lits.
Pour réduire la pression sur les services d’hospitalisation conventionnelle, l’Institut Pasteur souligne donc la nécessité de développer des « structures en soins primaires ou des hospitalisations à domicile pour l’accueil des patients en amont ou aval des hospitalisations, notamment pour assurer l’oxygénothérapie à domicile ». Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé lundi que l’on pourrait monter à 15.000 patients soignés de la sorte contre 10.000 précédemment.
Ces projections ne sont pas à prendre au pied de la lettre, souligne l’Institut Pasteur. Certaines hypothèses ont déjà fait long feu, tel que le rythme de 800.000 vaccinations par jour, ralenti depuis les fêtes. A l’inverse, l’étude surestime sans doute le risque pour les vaccinés d’atterrir en soins critiques suite à une hospitalisation : le danger semble bien plus faible pour eux que pour les non-vaccinés.