Covid : une troisième dose de vaccin pour 18 millions de Français

La Haute Autorité de santé a préconisé ce mardi d'administrer une dose de rappel aux personnes déjà vaccinées âgées d'au moins 65 ans et aux malades à risque, ainsi qu'à celles vaccinées avec du Janssen. Elle suggère d'injecter en même temps le vaccin contre la grippe saisonnière.


Une dose de rappel « pour les personnes de 65 ans et plus, ainsi que pour toutes les personnes présentant des comorbidités augmentant le risque » lié au Covid. La Haute Autorité de santé (HAS) a donné son feu vert au gouvernement ce mardi pour lancer la campagne de la « troisième dose » dès septembre, comme l’espérait le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Il s’agit en fait des publics fragiles déjà prioritaires pour le vaccin contre la grippe saisonnière. La HAS propose, « pour éviter tout retard à la vaccination antigrippale et simplifier le parcours vaccinal », d’injecter les deux vaccins en même temps. Concrètement, ce sera soit le même jour, soit à quinze jours d’intervalle.

Un délai d’au moins six mois

Un délai d’au moins six mois devra toutefois être respecté entre la fin du schéma vaccinal complet et l’administration de la « troisième dose » (qui pour certains vaccinés est en fait une deuxième ou une quatrième dose, sachant que 117.000 personnes immunodéprimées ont déjà eu leur troisième dose).

La HAS estime qu’il n’y a pas lieu d’étendre la campagne de rappels à d’autres publics à ce stade, d’autant que les vaccins demeurent très efficaces contre les formes graves . Mais elle recommande tout de même qu’une dose de rappel avec un vaccin à ARN messager soit injectée à tous ceux qui ont été vaccinés avec Janssen, un schéma vaccinal à dose unique dont l’efficacité à long terme n’est pas démontrée.

Avant de lancer les opérations, et même s’« il paraît très probable qu’une injection de rappel 6 à 12 mois après une primo-vaccination complète procurera effectivement un effet boost », il faudra attendre que l’Agence européenne du médicament évalue précisément « la tolérance » et « l’impact » de ce rappel, prévient la HAS.

Les plus de 80 ans appelés dès septembre

Du côté du gouvernement en tout cas, on est dans les starting-blocks pour commencer à re-vacciner un « premier cercle » de 6 millions de Français : 5 millions de plus de 80 ans, pensionnaires en Ehpad et en unités de soins de longue durée, malades à très haut risque ; 1 million de vaccinés Janssen. Les rendez-vous pourront être pris dès lundi pour débuter les rappels au 1er septembre.

Pour les Ehpad, les commandes de Pfizer/BioNTech seront passées dès le 30 août, en vue d’une livraison le 10 septembre. Les injections débuteront le lendemain.

Il restera encore 12 millions de personnes, âgées d’au moins 65 ans ou souffrant de pathologies chroniques, éligibles à la troisième dose. Le gouvernement n’a pas encore arbitré les détails de la mise en oeuvre, mais il y a d’ores et déjà deux contraintes : le délai de six mois avant le rappel, et le début de la campagne anti-grippale en octobre.

Des populations plus affectées

A l’appui de sa proposition, la HAS cite plusieurs études qui « suggèrent une baisse de l’efficacité au cours du temps de tous les vaccins, en particulier contre le variant Delta ». Sur 622 échecs vaccinaux graves recensés par la pharmacovigilance au 13 août suite à des injections BioNTech/Pfizer, deux-tiers concernent des personnes qui souffraient d’une ou plusieurs comorbidités. Sur 107 décès, 72 % sont survenus chez des personnes âgées de 85 ans ou plus.

En revanche, la baisse de l’immunité au fil des mois n’est pas encore démontrée en France, explique la HAS : « moins de 5 % des échecs vaccinaux sont signalés après cinq mois ou plus après la vaccination, suggérant ainsi qu’à ce jour, les échecs vaccinaux concernent surtout des personnes qui n’ont pas bien répondu à la vaccination et non des personnes qui ont perdu leur protection au cours du temps ».

Delta change la donne

L’échantillon sondé fait cependant encore la part belle au variant Alpha ( « britannique »), qui a depuis été balayé par le variant Delta (retrouvé dans seulement 17 % des cas).

Or c’est le variant Delta qui change la donne, écrit la HAS, en soulignant que la « moindre protection concerne essentiellement l’efficacité contre l’infection et contre les formes symptomatiques, l’efficacité contre les formes graves restant à un niveau élevé, quel que soit le vaccin administré ».

Avec le variant Delta, comme l’ont montré les autorités sanitaires américaines , la charge virale des patients hospitalisés vaccinés est similaire à celle des non-vaccinés, même si elle baisse plus rapidement, « traduisant une moindre transmissibilité probable ».

Une moindre efficacité contre les formes symptomatiques

La HAS évoque aussi les données en cours d’actualisation de l’étude Comcor (Institut Pasteur, CNAM, Ipsos, SPF), qui avait montré une efficacité de 88 % contre les formes symptomatiques dues à la souche d’origine du virus, de 86 % avec Alpha, et 77 % avec Beta. Pour le variant Delta, en juin-juillet, l’efficacité chute à 69 % quel que soit le vaccin à ARN messager (et à 66 % en cas de combinaison AstraZeneca + Pfizer ou Moderna).

Enfin, elle cite plusieurs études israéliennes tendant à montrer une baisse de protection contre l’infection, « un déclin significatif de l’immunité au cours du temps et une moindre efficacité contre le variant Delta ». Mais ces données « nécessitent d’être confirmées », souligne la HAS, car on manque de recul et les observations sur le terrain sont parasitées par une multitude de facteurs.


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