Crèches : “Le secteur est en crise, il faut des réponses concrètes”

Les livres “Le prix du berceau” et “Babyzness” sortent en librairie et les deux dénoncent les dérives des crèches privées. Emilie Philippe, éducatrice de jeunes enfants et représentante du collectif “Pas de bébés à la consigne”, rappelle que le problème n’est pas nouveau.


Êtes-vous étonnée des révélations de ces deux livres?

Emilie Philippe : Nous ne sommes malheureusement pas surpris de ce qui est évoqué. Nous alertons depuis 15 ans, c’était anticipable. Le gouvernement a toutes les études, toutes les données en main pour changer les choses. En 2019, le rapport de Michèle Peyron (députée La République en marche, ndlr) mettait en cause le manque de moyens des centres de la protection maternelle et infantile. Celui de la Caisse d’allocations familiales, alerte sur le manque de personnel et l’Igas (inspection générale des affaires sociales, ndlr) évoque de son côté une “maltraitance institutionnelle”.

En tant que professionnelle du secteur, que constatez-vous ?

Emilie Philippe : Nous faisons face à une pénurie de personnel et un taux d’encadrement qui n’est pas adapté. Actuellement, le taux unique est d’un adulte pour 5 enfants ne marchant pas et peut aller jusqu’à 8 pour des enfants qui marchent. Mais imaginez un repas. Un professionnel avec 5 bébés. Tous ne prennent pas le biberon au même rythme. Et en même temps vous devez changer une couche, vous occuper d’un qui pleure. J’ai été choquée de parents qui nous disaient “bon courage” le matin en déposant leurs enfants.

Ces difficultés existent-elles uniquement dans les crèches privées ?

Emilie Philippe : Non. Une partie des problématiques concerne l’ensemble des structures, qu’elles soient privées, associatives ou publiques. Le manque de personnel et les taux d’encadrement trop élevés existent aussi dans le public. Ces structures n’ont pas la culture de la rentabilité ce qui évite des dérives de rationalisation des coûts visibles dans le privé.

Face à toutes ces difficultés, que préconisez-vous ?

Emilie Philippe : Le secteur est en crise, il faut des réponses concrètes. Depuis quatre ans, on porte avec le collectif 20 mesures pour améliorer l’accueil des enfants dans toutes les crèches. En priorité, nous demandons le passage du taux d’encadrement à cinq enfants maximum qu’ils marchent ou non. Au Danemark et aux Pays-Bas, la réglementation impose un adulte pour trois ou quatre enfants… Nous demandons aussi le lancement d’un véritable plan de formation. C’est essentiel, tant pour l’ouverture de place que pour l’attractivité des métiers. Pour terminer, j’engage une réflexion sur la marchandisation de la petite enfance. Ce sont des commerciaux à la tête de ces entreprises, pas des professionnels de la petite enfance. C’est pourquoi on en arrive à des situations dramatiques de rationnement de l’alimentation, des professionnels qui ont des gestes brusques, un manque d’attention. Je m’interroge : est-ce un domaine qui devrait être ouvert au privé ?


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