« Nous sommes en mesure de faire passer des réformes structurantes pour le pays », avait assuré le ministre de l’Économie après que l’agence Fitch a dégradé la note de la France fin avril. Mais Bruno Le Maire n’a pas convaincu non plus l’agence de notation européenne Scope qui, de son côté, a abaissé vendredi la perspective de la France, ce qui signifie que sa note pourrait être dégradée à l’avenir, comme l’agence Fitch.
Scope explique sa décision dans un communiqué par le risque de « l’affaiblissement des finances publiques » notamment en raison de difficultés dans « la mise en œuvre des réformes ». Cette action signifie qu’elle pourrait dégrader la note de la France, actuellement à « AA » soit le troisième plus haut niveau de sa grille, « dans les 12 à 18 mois ».
Parmi les risques pesant sur les finances françaises, l’agence relève que « la dynamique économique s’est nettement ralentie au second semestre 2022 ». Elle se montre aussi peu convaincue de la trajectoire de réduction du déficit et de la dette publics, en raison d’un « mauvais bilan en matière d’assainissement budgétaire, d’une charge d’intérêt de la dette croissante et de risques liés à la mise en œuvre du programme de réformes ». Ces risques sont liés à « l’absence de majorité au Parlement » et à des « contestations sociopolitiques », citant notamment les contestations contre la réforme des retraites.
Des impacts sur les taux d’intérêt
Fin avril, l’agence de notation Fitch, une des trois plus grandes du monde, avait dégradé la note de la France, en raison du risque posé par « l’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) » sur les réformes voulues par Emmanuel Macron. Une semaine plus tôt, l’agence Moody’s n’avait pas fait de notation. L’agence S&P Global, qui accorde actuellement la note de « AA » à la France avec une perspective négative, doit publier ses conclusions le 2 juin.
La notation de ces agences a des répercussions sur le taux d’intérêt auquel les investisseurs prêtent de l’argent à la France. Sur l’emprunt à 10 ans, l’échéance qui fait référence, le taux était de 3,11 % vendredi, proche de ses plus hauts niveaux de l’année. Les taux obligataires remontent fortement depuis un an et demi, en raison de la politique des banques centrales mis en œuvre pour tenter de maîtriser l’inflation.