Disney+ a perdu plus de 10 millions d’abonnés au deuxième trimestre

Le géant du divertissement, qui fait face à une grève historique des scénaristes et acteurs, affiche des pertes, mais augmente ses prix.


Rappelé à la présidence de Disney en novembre dernier, Bob Iger a encore beaucoup de travail à faire. La restructuration du numéro un mondial de la communication qu’il a lancé cet hiver ne produit pas encore tous les résultats espérés. Sa stratégie de basculement sur internet des productions de Disney est à la fois urgente et de plus en plus périlleuse face à l’accélération du déclin de la télévision traditionnelle. Les performances trimestrielles de Disney annoncées mercredi soir sont ainsi pour le moins mitigées.

«J’ai incroyablement confiance dans la trajectoire à long terme de Disney», maintient Bob Iger. Le groupe affiche néanmoins une perte trimestrielle de 460 millions de dollars, en raison de charges comptables déclenchées notamment par le retrait de contenus de sa plateforme de vidéo à la demande, Disney +. Sans cet évènement exceptionnel, Disney aurait dégagé 1,41 milliard de dollars de profits, sur un chiffre d’affaires de 22,33 milliards de dollars, en hausse de 4%, ce qui est légèrement moins que les anticipations de Wall Street.

Certes la perte en trois mois de 11,7 millions d’abonnés à son service de vidéo à la demande, Disney +, est moins alarmante qu’il y paraît. Elle provient entièrement des abonnés en Inde à la version la moins chère de la plateforme de streaming. L’hémorragie s’explique par la perte des droits de diffusion par Disney des rencontres de cricket de la Premier League indienne. Dès que l’on élimine ce revers largement anticipé, Disney + parvient à gagner 800.000 abonnés. Pour autant, c’est moins que les prévisions des analystes. Et surtout, il s’agit essentiellement de nouveaux clients hors du territoire américain, ce qui confirme la saturation du marché aux États-Unis.

Tous types de services confondus, Disney + compte désormais 146,1 millions d’abonnés. Un chiffre à comparer aux 238,4 millions d’abonnés de Netflix et aux 95,8 millions de Max, la plateforme rivale de Warner Bros. Discovery qui inclut désormais HBO.

Le pari osé d’augmentation des tarifs

Un des grands défis de Bob Iger est rendre Disney + enfin profitable tout en poursuivant son développement. Or de ce point de vue, le principal progrès annoncé hier tient à des réductions de coûts. Les pertes trimestrielles du service de streaming sont réduites de moitié, passant d’1,1 milliard de dollars l’an dernier à 512 millions aujourd’hui.

Le patron du groupe maintient que Disney + parviendra à dégager des profits en 2024. C’est plus que jamais indispensable, si le groupe veut enrayer sa fragilisation. Plutôt que de viser en priorité l’augmentation du nombre d’abonnés, il confirme son objectif d’accroissement des revenus tirés de chaque abonné. D’où le pari osé d’augmenter les tarifs de Disney +, dans le contexte de saturation du marché et de concurrence féroce entre les différentes plateformes. La version de Disney + sans publicité va augmenter de 27% pour atteindre 13,99 dollars par mois. Le groupe de Burbank (Californie) lance également un service moins cher, mais ponctué de publicité, en Europe et au Canada. À la recherche du succès remporté par Netflix, Disney promet également des mesures pour l’année prochaine afin de combattre le partage des mots de passe entre amis.

La détérioration des performances de moteurs traditionnels de profits des studios de Disney s’aggrave. Les profits tirés des chaînes de télévision du groupe, comme ABC et ESPN, continuent de plonger. Leur chute atteint 23% par rapport à l’année passée, sur un recul de chiffre d’affaires de 7%, à 6, 7 millions de dollars. Les Américains se désabonnent toujours des bouquets de chaînes cablés, alors qu’en outre le marché de la publicité télévisée poursuit son déclin.

Vente d’une participation dans ESPN

Face à cette tendance lourde, Disney envisage l’option inimaginable il y a encore quelques mois, de vendre à un partenaire une participation au capital de sa filiale, la chaîne câblée spécialisée dans le sport, ESPN. Bob Iger en a parlé ces dernières semaines avec les dirigeants des ligues professionnelles de football américain (NFL), mais aussi de basketball (NBA) et de baseball (MLB). Le désengagement limité de Disney dans le capital d’ESPN est à l’étude, alors que par ailleurs Bob Iger continue de miser aussi sur la transformation de la chaîne en plateforme de streaming.

Les meilleures nouvelles publiées mercredi soir concernent à première vue les performances de parcs à thème de Disney. Leur chiffre d’affaires bondit de 13% pour atteindre 8,3 millions de dollars, tandis que les profits qui en sont dégagés augmentent de 11% à 2,4 milliards. Malheureusement, ces gains sont attribuables avant tout au rebond de Shanghai Disney Resort. Les profits dégagés des parcs américains de Disney reculent, notamment à Orlando, devenu la capitale de l’affrontement violent entre le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, et Bob Iger, accusé de gérer un empire privilégiant de plus en plus les valeurs «woke» au détriment des valeurs familiales traditionnelles qui ont fait le succès de Disney.

Comme tous les studios de Hollywood, Disney se retrouve handicapé par la grève des scénaristes qui dure depuis plus de 100 jours et qui s’ajoute à une grève des acteurs depuis près d’un mois. À court terme, le mouvement fait faire des économies à l’industrie. Mais la suspension des productions va appauvrir ses offres dans les prochains mois. Toujours «politiquement très correct», apprécié depuis des années par les acteurs et les créateurs, Bob Iger est aujourd’hui soumis à un barrage de critiques pour avoir qualifié «d’irréalistes» les demandes des grévistes. Ces derniers exigent de meilleures rémunérations, une plus forte participation aux résultats des films et séries après leur lancement, et des protections contre leur remplacement progressif par des applications d’intelligence articifielle.

«Rien n’est plus important pour cette entreprise que sa relation avec la communauté des créateurs, les acteurs, auteurs, réalisateurs et producteurs», a-t-il déclaré mercredi lors d’une conférence téléphonique. Ces mots sonnent un peu creux aux oreilles des grévistes : le salaire de base de Bob Iger est d’un million de dollars, associé à un bonus qui peut atteindre 100% de ce salaire, et 25 millions de dollars en actions de Disney, ce qui représente un total de 27 millions de dollars, équivalent à 535 fois la rémunération moyenne d’un employé de Disney.


myspotvip

Lorsque vous vous inscrivez et vous recevrez les meilleures offres de MySpotVip et vous recevrez également un guide d'ÉPARGNE.
Préparez-vous pour les offres VIP les plus exclusives et uniques!