Quel est le pourcentage de personnes capable d’exercer un métier en autonomie grâce à mon activité ? La proportion de celles qui sont plus à l’aise dans leurs démarches administratives ? Quel est mon taux de réduction des déchets ? L’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), a présenté ce mardi un outil de mesure de l’impact social d’une entreprise à même de répondre à toutes ces questions, bien dans l’air du temps, remise en cause des excès de la mondialisation oblige. « La crise sanitaire révèle les limites d’un système à bout de souffle », a déclaré son président, Huges Vidor, en préambule de la présentation, sans omettre de rappeler que la loi Pacte a renforcé la responsabilité sociétale des entreprises.
Baptisé Valor’ess et fruit de deux ans de conception avec l’aide du cabinet spécialisé Improve, l’outil est accessible gratuitement via le site web éponyme. Destiné aux 30.000 entreprises ou associations (même composées uniquement de bénévoles) du secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS), quel que soit leur stade de maturité, il peut aussi – dixit ses promoteurs – être pris en main par n’importe quelle TPE.
Processus complexe
Il suffit de créer un compte et d’évaluer son impact au travers d’une batterie de 43 indicateurs regroupés en 13 domaines, l’entreprise choisissant celui qui correspond le plus à son objet : développement du savoir, santé, réduction des inégalités, production durable… Une approche sectorielle est aussi proposée. « C’est une première étape avant de se lancer dans une démarche plus approfondie », a témoigné Martin Pimpeterre, le DG d’Udaf Herault, une association dans le champ familial (110 salariés et 2.200 bénéficiaires).
De fait, mesurer son impact social relève d’un « processus complexe », a prévenu Cécile Leclair, de l’agence ingénierie spécialisée Avise, relevant les nombreuses études sur le sujet. Il s’agit de mesurer les conséquences, positives ou négatives, d’une activité, en interne comme en externe, mais pas les ressources mises en oeuvre pour cela, et les pratiques sont très variées : du simple ressenti à une approche scientifique en passant par le bricolage.
Concurrence accrue
A en croire Thierry Sibieude, professeur titulaire de la Chaire d’entrepreneuriat social à l’Essec, mesurer son impact social de manière rigoureuse devrait pourtant être la norme. « C’est clairement un outil de pilotage de l’activité et un moyen de renforcer la qualité », estime-t-il, renvoyant aux théories du changement et des parties prenantes.
Au-delà de ces motivations inhérentes à l’ESS, la mesure de l’impact social est rendue d’autant plus utile que les entreprises concernées font face à une concurrence grandissante d’acteurs en dehors de ce champ. « Cela questionne notre façon de nous démarquer », a estimé Sébastien Darrigrand, le DG de l’Udes. Qui plus est, les financeurs de l’ESS passent de plus en plus par des appels à projets avant de sortir le carnet de chèques.