«D’ici 2025, on peut se fixer l’objectif du plein-emploi», a déclaré la ministre du Travail Élisabeth Borne, au micro de BFM Politique ce dimanche. «On forme les demandeurs d’emploi comme on ne l’a jamais fait, on les accompagne pour qu’ils puissent trouver un emploi», a-t-elle complété. Elle estime à 300.000 le nombre d’emplois durablement non pourvus, au moment où le taux de chômage atteint 7,6% au troisième trimestre 2021 selon l’Insee. La ministre du Travail a ajouté que le taux de chômage avait été ramené au plus bas depuis plus de quinze ans, «au niveau de 2008-2009 avant la crise». «On bat tous les records d’embauches, on a créé plus de 800.000 emplois pendant le quinquennat», s’est-elle félicitée.À découvrir
Alors que le Covid-19 flambe en Europe, Élisabeth Borne a exhorté à «revenir aux gestes barrières en entreprise». Toutefois le retour au télétravail n’est pas d’actualité. Le gouvernement ne s’engage pas non plus dans la voie du passe sanitaire en entreprise, bien que des demandes aient été formulées, a-t-elle précisé.
La ministre a aussi réaffirmé que les employeurs verseront directement aux salariés en décembre l’indemnité inflation de 100 euros pour ceux qui perçoivent moins de 2000 euros net. Questionnée sur l’effet de seuil, Élisabeth Borne a répondu : «On a voulu un dispositif simple». Quant aux retraités éligibles, ils recevront ce coup de pouce en février et les chômeurs de catégorie A en janvier.
Contrôle des chômeurs et réforme des retraites
Au sujet des contrôles accrus des chômeurs par Pôle Emploi, la ministre du Travail a répété qu’il y aura 25% de contrôles de plus «en améliorant l’efficacité de la procédure de contrôle de la recherche d’emploi». Cette procédure simplifiée sera mise en œuvre dès le mois de décembre par l’organisme. Quelque 600 conseillers y seront dédiés. À toutes les critiques formulées, la ministre a répondu que le gouvernement n’est «pas du tout dans un discours simpliste». «On va continuer à recontacter les demandeurs d’emploi, à leur proposer des immersions en entreprise, de la formation sur-mesure». D’après elle, ce durcissement des contrôles est parfaitement en ligne avec les difficultés de recrutement dans certains secteurs. Le gouvernement souhaiterait par ailleurs réaligner les jeunes en recherche vers les métiers en tension, à savoir l’hôtellerie-restauration, l’industrie, le bâtiment et le numérique.
Autre sujet sensible de la fin du mandat, la réforme des retraites. «Le président de la République et le gouvernement pensent que cette réforme est indispensable donc ce sera clairement une réforme prioritaire en 2022». Le projet de loi, voté à l’Assemblée nationale, avait été suspendu du fait de la crise sanitaire. Précision non négligeable, «le système à points n’a pas forcément été très simple et il a pu créer de l’inquiétude», ajoutant qu’il serait «peut-être préférable» de l’abandonner. La fin des régimes spéciaux, elle, reste privilégiée par le chef de l’État.
Pouvoir d’achat
«Dans ce quinquennat, le pouvoir d’achat aura augmenté deux fois plus qu’au cours des deux quinquennats précédents», selon Élisabeth Borne. «Depuis le début […], on a été particulièrement attentif aux salaires les plus modestes et aux classes moyennes. C’est pour ça qu’on a supprimé la taxe d’habitation».
Interrogée sur les propos d’Eric Zemmour dimanche dernier sur le même plateau, qui réfutait qu’à métier égal les femmes sont 18% moins bien payées (l’Insee évalue cet écart à 16,8% à temps de travail égal d’après des données 2017), la ministre a rétorqué : «Le sexisme assumé d’Eric Zemmour est extrêmement choquant. On sait qu’aujourd’hui sur le même emploi, sur le même travail il y a un écart de rémunération qui est encore de l’ordre de 9%». Un différentiel jugé «pas acceptable», d’où la mise en place de l’indexe sur l’égalité professionnelle «pour assurer la transparence sur ce que fait chaque entreprise, en tout cas les entreprises de plus de 50 salariés».