Quel est le bilan de cinq années de lutte contre la pauvreté sous Emmanuel Macron ?
Le taux de pauvreté est resté stable , légèrement supérieur à 14 %, ce qui est globalement très positif au regard du choc économique dû à la crise du Covid. On a un peu oublié avec quel lyrisme Emmanuel Macron a voulu créer un « Etat-providence du XXIe siècle » à ses débuts, avec une stratégie de lutte contre la pauvreté originale, car décentrée sur la petite enfance, et de gros chantiers comme le revenu universel d’activité, qui n’a pas pu être mené au bout.
Je retiens aussi les efforts pour passer de 150.000 à 200.000 places d’hébergement pour les sans-domicile et la politique du « logement d’abord ». De manière générale, malgré sa sortie sur « le pognon de dingue » et la baisse de 5 euros des APL, il aura énormément dépensé contre la pauvreté pour amortir le choc du Covid.
Regrettez-vous l’absence de coup de pouce au revenu de solidarité active pendant le quinquennat ?
Chômage partiel, aides exceptionnelles, revalorisation du minimum vieillesse, de l’allocation adultes handicapés… je trouve qu’Emmanuel Macron a fait feu de tout bois ! Le RSA, ce n’est pas sa tasse de thé, mais il a très copieusement étendu la prime d’activité suite à la crise des « gilets jaunes ». Maintenant, cette prestation coûte aussi cher que le RSA, près de 10 milliards d’euros. Les associations se plaignent, mais ce gouvernement est celui qui en a fait le plus, certes de manière contrainte.
Quels sont les principaux chantiers à mener contre la pauvreté, pour les cinq ans qui viennent ?
D’abord la question des sans-papiers, qui sont les plus pauvres de tous. Il faut les régulariser ou les raccompagner à la frontière. Le sujet n’a pas été traité, car il tétanise. Mais l’instabilité géopolitique devrait nous inciter à ne pas nous voiler la face.
Concernant le travail social, il y a un chantier colossal de reconnaissance de ces travailleurs de première ligne
Deuxième chantier, ébauché par Emmanuel Macron, le travail social. Il y a un chantier colossal de reconnaissance de ces travailleurs de première ligne, et de rationalisation de l’accompagnement, un peu comme on l’a fait dans la santé en organisant des parcours de soins. Cela aurait beaucoup plus d’impact sur la vie des personnes pauvres qu’une hausse du RSA, serait-elle de 50 euros. Il faut aussi, selon moi, développer un service public de la petite enfance avec un droit à un mode de garde pour tous les enfants de moins de 3 ans, ce qui bénéficierait aux plus modestes.
Enfin, je crois que le chantier technique du revenu universel d’activité continuera à avancer , même si la fusion de toutes les prestations serait sans doute trop compliquée. On a besoin d’harmoniser la façon dont les prestations sont calculées, servies, accompagnées, contrôlées, et de revoir l’organisation globale du système, avec un équilibre plus clair entre ce qui relève du national et ce qui relève des territoires.